Yom Kippour (Jour du pardon) 10 Tichri
Photos de l'auteur
J'offre cet enseignement en Juif qui le reçoit de la
tradition orthodoxe depuis Moché Rabbénou. Je
vous demande, par amitié, que jamais mon enseignement
ne soit utilisé dans une autre perspective ; je n'y
aurais aucune part ni aucune responsabilité ni aucune
coopération. Et ce serait contraire à ma volonté
explicite.
I m p o r t a n t
Cette étude est dédiée à ceux
qui veulent, pendant tout le Jour de Kippour,
1) regretter leurs fautes
concernant les 3 amours que la Torah nous demande
(symbolisés par cette image, à nos yeux) :
amour du Créateur et de sa Torah,
amour du peuple d'Israël,
et amour de la terre d'Israël
2) prévoir comment ne plus renouveler nos 3 erreurs.
"Et Hachém pardonnera à Son peuple-Sa terre
qui ne sont qu'un :
vékhiper
admato-amo" (Dévarim 32, 43).
Et, par nos efforts, Jérusalem sera sauvée car
il est dit :
"la prière des Justes fait que Hachém sauve
Jérusalem (Le Tour, Chémote 9, 33)
yikhaper Hachéém lirouchalayim âl yédé
téfilate hattsaddiqim".
Le salut d'Israël est dans la qualité de notre
retour vrai.
(image de Michèle Doubior. et remerciements)Plan
- Lire préalablement :
Pour tous
Pour les avancés
- Sens et travail personnel dans les sources de la Torah
- La terre, un don conditionnel
- Concrètement
- Techouva. Qu'est-ce que revenir ? Comment revenir ?
- Les guides classiques
- Le retour du bien-aimé
- Le Middrache Chir hachirim
- La dynamique de la biche
-
Dates
-
Kippour arrive 10 jours après Roche hachana,
le 10 Tichri.
En ce jour, eurent lieu:
- la circoncision d'Avraham, de son fils Yichmael âgé
de 13 ans, et de toute sa maison.
- la âqéda avec le dit sacrifice de son fils
Yits'haq, selon plusieurs sources.
- la seconde descente de Moché rabbénou du
Sinaï avec les nouvelles tables de l'alliance dans
sa main, un yom chéni (second jour après le
Chabbate). Voyez la paracha Ki tissa et Eqev.
- le pardon de David pour sa faute avec Bat Chévâ.
- D.ieu exauça Eliahou ha Navi en ce jour à
min'ha (Traité Bérakhote du Talmud 6b).
- le meurtre (en qiddouche Hachém) de Ribbi
Âqiva.
- la naissance de Rabbénou ha qaddoch, Ribbi Yéhouda
ha Nassi.
Voici
la lune avant Kippour: il reste encore beaucoup de ténèbres
à disperser.
-
(photos de l'auteur, la veille de Kippour)
1.
Lire préalablement :
Pour
tous
Vayiqra chapitres 16 et 18
Isaïe 57, 14-21 et 58
Le livre de Jonas
Lecture
de la Torah à Cha'harite: Vayiqra ch. 16 et dans le second
livre de la Torah on lit Bémidbar 29, 7-11.
Lecture
de la haftarah de Cha'harite (Isaïe
57,14-58,14 et le chant sur ce lien) :
" Et on dira: "Nivelez, nivelez,
déblayez la route! Enlevez tout obstacle de la voie de
Mon peuple!" Car ainsi parle le Dieu très haut et
suprême, Celui qui habite l'Eternité et qui a nom
le Saint: "Sublime et saint est mon trône! Mais il
est aussi dans les cœurs contrits et humbles, pour vivifier
l'esprit des humbles, pour ranimer le cœur des affligés.
Non Je ne veux pas disputer sans trêve, être toujours
en colère, car l'esprit finirait par s'éteindre
devant moi, avec ces âmes que moi-même J'ai créées.
C'est contre sa criminelle cupidité que Je me suis irrité;
J'ai sévi contre lui en dérobant Ma face, en n'écoutant
que Ma colère, alors que, rebelle, il suivait les caprices
de son cœur. J'ai observé ses voies et Je veux le
guérir, le guider, lui dispenser la consolation, à
lui et à ceux qui sont en deuil à son sujet. Celui
qui crée [la parole], fruit des lèvres: "Paix,
paix, dit-Il, pour qui s'est éloigné comme pour
le plus proche! Je le guérirai," ainsi parle Hachém.
Mais les pervers sont comme une mer houleuse, qui ne peut s'apaiser
et dont les eaux bouillonnent de limon et de fange. Pas de paix,
dit mon Dieu, pour les méchants!
Crie à plein gosier, ne te ménage point! Comme
le cor, fais retentir ta voix! Et expose à Mon peuple
son iniquité, à la maison de Jacob ses péchés.
Jour par jour ils s'adressent à Moi et manifestent le
désir de connaître Mes voies; à la façon
d'un peuple pratiquant la justice, qui n'aurait jamais trahi
la loi de son Dieu, ils Me demandent des règles de justice,
ils sollicitent la présence de Dieu. "Pourquoi jeûnons-nous,
sans que Tu T'en aperçoives? Mortifions-nous notre personne,
sans que Tu le remarques? " C'est qu'au jour de votre jeûne,
vous poursuivez vos intérêts et tyrannisez vos
débiteurs. Oui, vous jeûnez pour fomenter querelles
et dissensions, pour frapper d'un poing brutal; vous ne jeûnez
pas à l'heure présente pour que votre voix soit
entendue là-haut. Est-ce là un jeûne qui
peut m'être agréable, un jour où l'homme
se mortifie lui-même? Courber la tête comme un roseau,
se coucher sur le cilice et la cendre, est-ce là ce que
tu appelles un jeûne, un jour bienvenu de Hachém?
Mais voici le jeûne que J'aime: c'est de rompre les chaînes
de l'injustice, de dénouer les liens de tous les jougs,
de renvoyer libres ceux qu'on opprime, de briser enfin toute
servitude; puis encore, de partager ton pain avec l'affamé,
de recueillir dans ta maison les malheureux sans asile; quand
tu vois un homme nu, de le couvrir, de ne jamais te dérober
à ceux qui sont comme ta propre chair! C'est alors que
ta lumière poindra comme l'aube, que ta guérison
sera prompte à éclore; ta vertu marchera devant
toi, et derrière toi la majesté de Hachém
fermera la marche. Alors, tu appelleras et Hachém répondra,
tu supplieras et Il dira: "Me voici!" Oui, si tu bannis
de ton sein toute oppression, le geste violent et la parole
malfaisante, si tu témoignes ta bienveillance à
l'affamé et rassasies celui qui est torturé par
le besoin, ta lumière brillera au milieu des ténèbres,
et ta nuit sera comme le plein midi. Et constamment Hachém
te guidera, Il prodiguera à ton âme des jouissances
pures, et fortifiera tes membres; et tu seras comme un jardin
bien arrosé, comme une source jaillissante, dont les
eaux ne causent aucune déception. On restaurera, grâce
à toi, les ruines antiques, tu relèveras des fondations
qui datent des siècles passés, et tu seras proclamé
le réparateur des brèches, le restaurateur des
routes désormais populeuses. Si tu cesses de fouler aux
pieds le Chabbate, de vaquer à tes affaires en ce jour
qui M'est consacré, si tu considères le Chabbate
comme un délice, la sainte journée de Hachém
comme digne de respect, si tu Le tiens en honneur en t'abstenant
de suivre tes voies ordinaires, de t'occuper de tes intérêts
et d'en faire le sujet de tes entretiens, alors tu te délecteras
dans Hachém et Je te ferai dominer sur les hauteurs de
la terre et jouir -de l'héritage de ton père Jacob...
C'est la bouche de Hachém qui l'a dit".
et lecture de Min'ha (Vayiqra 18 et le livre de Jonas). Voici
la prière de Jonas (Yona 2, 3-10):
- Dans ma détresse j'ai invoqué
Hachém, Il m'a répondu
: du sein du Chéol je T'ai imploré, Tu as entendu
ma voix.
- Le flot me ballottait au cœur des mers, et les courants
m'enveloppaient; toutes Tes vagues et toutes Tes lames passaient
sur moi.
- Déjà je me disais: "Je suis repoussé
loin de Tes regards!" Mais non, je veux contempler encore
Ton temple saint.
- Les eaux m'investissaient, menaçant ma vie, j'étais
cerné par l'abîme, les algues étreignaient
ma tête.
- Précipité jusqu'à la racine des montagnes,
la terre me fermait ses barrières pour toujours... Tu
as sauvé ma vie de la perdition, Hachém,
mon Dieu.
- Quand mon âme, dans mon sein, allait défaillir,
je me suis souvenu de Hachém,
et ma prière a monté vers Toi, vers Ton sanctuaire
saint.
- Ceux qui révèrent des idoles menteuses, ceux-là
font bon marché de leur salut.
- Pour moi, c'est en Te rendant hautement grâce, que je
T'offrirai des sacrifices; j'accomplirai les vœux que j'ai
prononcés: le secours vient de Hachém!
Pour
les avancés, en plus :
Michna du traité Yoma, 8
Les lois de la techouva dans le Séfér
hammadâ du Rambam, volume 1.
2.
Sens et travail personnel dans les sources de la Torah
En
Vayiqra 16, 29-34 les versets donnent toutes les caractéristiques
de ce jour :
-
"ceci sera pour vous une loi perpétuelle" (donc
tout juif doit faire le Yom Kippour chaque année).
La haftara de Jonas (Yona) décrit bien la tendance à
vouloir fuir de cette demande de Hachém.
-
"au 7e mois (Tichri), le 10e jour du mois, vous mortifierez
vos personnes téânou éte nafchotékhém"
(donc une technique de pénitence doit être
exercée contre soi-même), c'est le jeûne
; la préoccupation ne doit pas être de parvenir
à passer les heures du jour le plus agréablement
possible, en rencontrant les amis puis en faisant un don ostensible,
mais de se changer moralement en modifiant avec difficulté
les habitudes corporelles qui manifesteront ainsi notre volonté
de nous changer sur tous les plans concrètement; la mortification
portera contre une propension spontanée de nous qui
serait mauvaise: nous devons faire cet examen de conscience
personnel très précis, en prenant bien en compte
ce que les autres ont tendance à nous reprocher et qui
est toujours partiellement juste : indifférence, colère
et brutalité, manque de respect, discussions non paisibles,
médisance, immoralité dans l'argent, exploitation
de l'autre part la tromperie, la sexualité non insérée
dans l'amour et le respect, l'insensibilité aux affligés,
aux malades, aux pauvres, désertion de l'étude
et de la prière par paresse, non respect précis
du Chabbat... etc. La haftara, qui est la lecture du
livre de Jonas Yona, montre bien la nécessité
d'un examen rigoureux. La haftara d'Isaïe 57, 14-21
et 58 nous indique clairement qu'en plus du jeûne physique,
Hachém exige le jeûne
moral de tout ce qui nuit aux autres. L'arrêt
que nous faisons de tout dans cette journée doit être
une résolution de stopper radicalement toutes
ces infractions continues.
-
"et vous ne ferez aucun travail vékhol melakha
lo taâssou" (donc véritablement c'est
un jour où aucun juif ne doit travailler)... ce sera
une suspension du travail (chabbate); nous ne devons
plus être centré sur nos intérêts
mais sur cet ordre moral ;
-
"D.ieu en ce jour vous accordera le pardon yiékhappér
âlékhém"(il pardonnera, yiékhappér,
d'où le nom de Kippour pour ce jour du pardon); ce
pardon de Hachém n'est accordé que
si nous faisons ce qui y correspond: l'examen, le regret, la
conscience de la faute, la volonté de modifier. La haftara
de Jonas (Yona) montre bien que Hachém connait
nos faiblesses et notre incapacité à distinguer
le bien du mal, la droite de la gauche, et il pardonnera cependant;
cela doit être un exemple pour nous dans le pardon envers
les autres. Il ne veut pas seulement nous pardonner, il veut
nous "guérir" comme dit aussi la haftara d'Isaïe
57, 14-21 et 58.
Par contre, cela nous indique aussi qu'on ne peut se contenter
de dire : "je ne savais pas", il faudra désormais étudier
les exigences de la Torah.
"Alors", est-il dit, si tu demandes à D.ieu, Il te répondra
: "alors" seulement, cela veut dire que, sinon Il ne
nous répondra pas (Isaïe 58, 9).
-
"pour vous purifier létahér étkhém"
(donc il ne s'agit pas d'un pardon qui efface et remet l'ardoise
à zéro, mais il doit y avoir un changement
de qualité dans l'être qui doit devenir pur;
le travail personel doit porter là-dessus; et cette pureté
est selon la pureté indiquée par Hachém
dans Sa Torah);
-
"de tous vos péchés devant Hachém
vous serez purifiés" (la conduite doit donc
être passée au crible du jugement de Hachém,
pas au nôtre; mais le pardon de Hachém peut
concerner les manquements directs faits envers Lui, il ne concernera
pas nos manquements envers autrui qui doivent être réparés
réellement dans le matériel et dans les préjudices
psychologiques ou autres que nous avons causé (Voir la
michna Yoma 8).
-
"ce sera pour vous un repos solennel, sonneries, convocation,
vous offrirez un sacrifice à Hachém". Revoir
ici l'étude de Roche
hachana sur le chofar.
3.
La terre, un don conditionnel
C'est
seulement si nous faisons tout cela que nous serons assurés
de recevoir la terre d'Israël qui est notre héritage
et de pouvoir y jouir (Isaïe 58, 13-14: "Si tu cesses
de fouler aux pieds le Chabbate, de vaquer à tes affaires
en ce jour qui m'est consacré, si tu considères
le Chabbate comme un délice, la sainte journée
de Hachém comme digne de respect, si tu le tiens en honneur
en t'abstenant de suivre tes voies ordinaires, de t'occuper
de tes intérêts et d'en faire le sujet de tes entretiens,
alors tu te délecteras dans Hachém et Je te ferai
dominer sur les hauteurs de la terre et jouir de l'héritage
de ton père Jacob... C'est la bouche de Hachém
qui l'a dit.").
Ceux qui ne vivent pas selon ces critères, en invoquant
leur liberté, la tension due aux guerres, ou par ignorance,
apprennent là que la vie heureuse
sur la terre d'Israël est conditionnelle.
C'est une terre qui ne vomit pas ses habitants uniquement s'ils
y vivent selon la moralité et selon la Torah; cela est
le plus important "ministère de la défense". On
est loin de la conception de ceux qui veulent limiter le judaïsme
à l'étude sur les livres, la prière, la
cacheroute, et en excluent tout ce qui concerne la vie publique
(conception qui persévère dans la galoute car
les Juifs ne pouvaient nullement établir leur vie sociale
selon la Torah: la Torah concerne aussi la vie publique et l'existence
du peuple en paix et sécurité sur sa terre; ce
n'est pas de la politique, mais l'économie de la Torah.
Parmi
ces exigences, une prescription majeure nous est rappelée
dans Isaïe 58, 13-14 : la terre nous sera accordé
si nous trouvons "plaisir" dans le Chabbate, c'est-à-dire
concrètement : "si" nous en abolissons
le travail, "si" nous n'y parlons pas de nos
questions professionnelles ni de nos "affaires" pour parvenir
à jouir de cette qualité spirituelle et amoureuse
qui remplit le chabbat.
Ce
sont ces règles majeures qui nous sont rappelées
à Kippour. Ce n'est aucunement un jour de jeûne
dont on doit sortir ensuite pour se ruer à nouveau vers
nos comportements habituels dont nous aurions été
frustrés pendant une journée. C'est
un stage pédagogique intensif.
Cet
ensemble est ce que l'on appelle la téchouva
qui veut dire "l'activité de revenir" : revenir à
D.ieu, à notre fonctionnement véritable et moral
dans toutes les pulsions et activités. Voir ce lien.
4.
Concrètement
Conseils
simples et efficaces
1. Boire beaucoup et régulièrement la
veille.
2. Manger la veille des repas consistants et qui tiennent
au corps (riz, par exemple) et non pas des plats pimentés
ou de ceux qui donnent soif ou des lourdeurs ou des
gazs abdominaux.
3. Prendre dans le calme la séouda mafséqéte,
le repas avant le commencement du jeûne, qui est
une grande mitsva.
4. De même, le repas après le jeûne
et ne pas se ruer vers des gâteaux et friandises.
Beaucoup commencent par prendre une tasse de thé
chaud et sucré et s'en portent bien. Ensuite,
après une pause, manger sans excès ce
premier repas qui comporte des plats nourrissants. Beaucoup
apprécient de le commencer par une soupe.
Rappelons
et précisons les obligations pendant le jour
de Kippour:
-
examen personnel.
-
aller demander pardon.
-
réparer les préjudices faits.
-
ne pas travailler.
-
jeûner en solide et en boisson, (la
règle de nos Sages est simple: quand une personne
est malade, s'il y a divergence entre son avis et
celui du soignant pour savoir si elle peut jeûner
ou non sans mettre sa vie en danger, il faut toujours
suivre l'avis de la personne qui est la plus permissive
car on ne peut pas prendre de risque avec la vie.
Ne pas aller selon ces règles de santé
est une transgression grave, âvéra
qacha). Le malade qui doit boire ou manger le
fera par petites quantités: moins d'un oeuf,
moins que la quantité qui se placerait dans
un côté de la joue. On donne à
manger aux animaux normalement. Les enfants, jusqu'à
l'âge de neuf ans (avis du Rav Ôvadia
Yossef) sont dispensés de l'obligation de jeûne
(eine 'hova). Ensuite, on les habitue progressivement
(léharguil) par quelques heures de
jeûne jusqu'à l'âge de la bar mitsva
ou bat mitva où ils seront soumis au jeûne
complet comme les adultes. Piqoua'h néféche
(le sauvetage d'une vie, envers soi ou autrui) do'hé
tsom (repousse l'obligation de jeûne) et
celui qui ne respecte pas cette règle commet
une infraction très grave, âvéra
qacha. Le judaïsme choisit toujours la vie.
-
ne pas prendre de bain, n'utiliser l'eau que pour
le minimum d'hygiène. Pour les exigences d'hygiène,
on pourra laver la seule partie du corps mais avec
le minimum d'eau et non pas pour jouir de l'eau. On
ne fait nétilate yadaim que jusqu'à
la fin de l'articulation des doigts.
-
ne pas utiliser de parfums etc.,
- abstinence de relation sexuelle (tachmich)
et même de se toucher la main, séparation
des sexes,
- ne pas porter de chaussures de cuir, et ne pas les
nouer. Mais avoir des chaussures propres dans la synagogue.
Il est évident que ceux qui ont des problèmes
médicaux graves en ce domaine, se comportent
avec bon sens.
- on dit la bénédiction suivante à
l'ouverture de la fête, juste avant d'allumer
les lumières:
Baroukh Ata Ado-naï Elo-hénou Mélékh
ha ôlam achér qiddéchanou vé
mitsvotav vé tsivanou léhadlik ner chel
Yom ha Kipourim.
Béni es-Tu D.ieu notre D.ieu Roi du monde qui
nous a sanctifié par tes mitsvotes et nous
a commandé d'allumer la lumière du Jour
de Kippour.
Si Kipour se produit un jour de Chabbate, on dit:
Baroukh Ata Ado-naï Elo-hénou Mélékh
ha ôlam achér qiddéchanou vé
mitsvotav vé tsivanou léhadlik ner chel
Chabbate vé chel Yom ha Kipourim.
Béni es-Tu D.ieu notre D.ieu Roi du monde qui
nous a sanctifié par tes mitsvotes et nous
a commandé d'allumer la lumière du Chabbate
et du Jour de Kippour.
-
écouter les textes cités, donc les lire,
les étudier et se joindre à la collectivité
pour les entendre. Certains restent debout toute la
journée pendant la prière et ne bougent
pas de l'endroit dans la synagogue. Diverses coutumes
existent: ne pas embraser les tsittsit, les larmes
sont autorisées dans la prière car il
est important de ressentir profondément et
avec sincérité ce que l'on dit, lire
des psaumes ou le Chir ha yi'houd, lire des
prières en peu de lumière dans la synagogue,
etc. Chaque communauté a ses rites qui sont
non seulement respectables mais transmettent une approche
véritable de la Torah qui a de nombreuses facettes
et que chaque communauté met en valeur. Donc,
il faut respecter ces coutumes et les maintenir; et
ne pas du tout les abandonner pour une sorte de plus
petit commun dénominateur qu'on nomme à
tort unité. Car l'unité doit être
la somme des particularités, comme dans un
corps, et non pas sa réduction au minimum commun.
Il est toléré de dormir de fatigue dans
la synagogue dans la volonté de récupérer
un instant pour mieux reprendre la prière;
on veille alors à ne pas dormir près
de l'armoire de la Torah.
-
revêtir de beaux vêtements pour rendre
honneur à cette façon de vivre, et à
la joie du chabbat. Les askénazes portent le
kitel, vêtement blanc qui symbolise à
la fois le chabbate mais aussi le vêtement mortuaire.
Ils ne le portent pas en allant aux toilettes.
-
prendre un repas copieux avant le jeûne,
-
aller entendre le Kol Nidré avant l'office,
le soir qui ouvre le jour de Kippour. C'est une annulation
des voeux de plusieurs types :
1) les personnes exclues de la communauté pour
des raisons diverses sont réintégrées
(on veille donc déjà à réparer
toute dissension),
2) on abolit à l'avance les engagements que
nous pourrions établir à notre égard
et qui ne seraient pas tenus, mais cela ne concerne
aucun des engagements que l'on s'impose envers autrui,
évidemment.
-
la cérémonie de clôture dite Néila
récapitule tout l'effort de techouva
que nous avons entrepris et Hachém
va prendre les dispositions ultimes à notre
égard en ce dernier moment des 10 jours de
pénitence.
-
la cérémonie du chofar (voir Roche
hachana), après Néila,
-
on termine la journée par la prière
du soir Ârbite que l'on veillera à
faire dans le silence et le respect, malgré
la fatigue et l'empressement à aller retrouver
la nourriture et ses proches.
-
puis on dit la bénédiction de la lune.
-
après le repas, on commence l'installation
et la construction de la Soucca, puisque tout cela
n'est qu'une préparation à la vie avec
Dieu dans la Soucca qui est une image du monde idéal
avec Lui.
- comprendre pourquoi Kippour peut arriver un Chabbate:
car il est Chabbate Chabatone, le Chabbate le plus
grand et le plus réussi de tous les Chabbates.
|
5.
Techouva
(voir ce lien)
Qu'est-ce
que revenir ? Comment revenir ?
L'idéal
que nous avons décrit sur le plan pédagogique
n'est pas seulement une cure morale. La Torah et la vie juive
sont cela mais bien plus que cela : il faut lire avec sérieux
les versets d'Isaïe 58, 11 (vé na'hakha Hachém
tamid véhisbiâ bétsa'htsa'hote nafchékha,
"et constamment Hachém te guidera et
te rassasiera, il prodiguera à ton âme (plus largement:
à ton néf'éche, ce qui comprend
toute la personnalité) des jouissances pures, et fortifiera
tes membres; et tu seras comme un jardin bien arrosé,
comme une source jaillissante, dont les eaux ne causent aucune
déception.") et 58, 14 (az titânég
âl Hachém, "alors tu jouiras de Hachém").
Il
faut toujours replacer tout ce qui est dit dans la Torah à
l'intéreur du lien amoureux de Hachém et
de son peuple Israël. A la fois, parce que cela nous est
dit et parce que nous sommes faits à l'image de Hachém.
6.
Les guides classiques
A
l'intérieur de ce lien amoureux, se trouve cette dynamique
du "retour" de l'un vers l'autre. Nous devons apprendre comment
le faire non seulement pratiquement et concrètement,
mais avec le coeur. Pour cela, on lit en cette période
'Hovote hallévavote (Les devoirs des coeurs) de
Ribbi Ba'hya ibn Paqouda (Saragosse, 11e siècle) écrits
en arabe et traduits, et MessilateYécharim (Les
sentiers des hommes droits) du Ram'hal, Ribbi Moché Luzzato
(1707-1746).
Voyez ce
lien.
7.
Le retour du bien-aimé
Nous
avons choisi de nous baser sur les commentaires du dernier verset
du Cantique des Cantiques (Chir hacchirim) pour bien
comprendre la téchouva. En effet, le Cantique
des Cantiques donne le sens global du Tanakh (la bible)
et de la Torah, et ce texte qui nous décrit toutes les
péripéties de la recherche d'Israël par Hachém
(selon la lecture de Rachi). Le dernier verset nous donne le
secret (au sens courant du terme) de l'attitude essentielle
qui assure le retour tant chez l'homme ou Israël que chez
le Créateur vers Son peuple. Cela est donc essentiel
pour nous en ces jours de téchouva.
Le
dernier verset de Chir haChirim 8, 14 dit :
"béra'h dodi ou demé lékha litsvi
o léôfér ayalim âl haré véssamim
fuis mon bien-aimé et sois semblable au cerf ou au faon
des biches, sur les montagnes des parfums". La téchouva
passe par la délicatesse.
Il
faut bien réaliser que ce verset, c'est le fin du fin,
c'est la fin du plus beau de la Torah (le Cantique des Cantiques),
et le sommet, le moment final de ce Cantique des Cantiques.
Les
différents commentateurs que j'ai étudiés
(j'en ai passés beaucoup en revue, seuls ceux-ci commentent
ce verset : Rachi, Rabbénou Bé'hayé, le
Gaone de Vilna, Ibn Ezra, le Zohar, le Maharal) s'appuyent sur
le beau commentaire du Middrache Chir haChirim dont le
centre est ceci :
"Le
Roi avait fait un grand banquet et il avait invité tout
le monde".
8.
Le Middrache Chir hachirim (je dédie cette
étude à quelqu'un si injustement attaqué
par l'entourage et qui en souffre, afin qu'il découvre
comment régler le compte à ces attaquants selon
le modèle divin).
Pendant
le repas, il voit qu'il y a des gens qui se goinfrent n'importe
comment et se querellent.
Le
Roi est furieux, Il veut interrompre et prendre des sanctions.
La
Reine intervient doucement auprès de Lui et Lui dit :
-
Ne regardez pas ceux-là, "regardez" plutôt ceux
qui se comportent bien et veulent Vous honorer
de tout ce que Vous leur donnez, ne regardez que ceux-là
: bera'h dodi, "fuis mon bien-aimé" de ce qui
est laid
et ne vois que la beauté et la lumière de ceux
qui vivent en Ta lumière, et qui s'écoutent entre
eux.
Faites-le vite, cela, aussi rapide que la biche qui court.
Et soyez semblable au tsvi au cerf, ou à la biche
qui a toujours un oeil ouvert pour voir cette lumière
de Ra'hamim
de ceux qui veulent vivre dans Votre lumière, et en disent
tout le bien".
Il
y a là beaucoup de thèmes que je vais mettre en
ordre en montrant l'axe
(qui correspond aux voeux que je forme pour vous, attitude que
j'essaie laborieusement aussi d'avoir).
1.
détourner notre réaction de ceux qui font mal,
ne pas se laisser engluer par leurs attaques, leur violence,
leur conflits : les fuir et vite.
2.
cet état de ce qu'ils sont et font, est nommé
dans ces textes : la galoute, c'est un état
nous abime (Middrache 8, 19 : bera'h dodi mine galoute
cheanou ba oumitlakhkekhim.
3.
Rachi (sur Chir hacchirim 8, 14) reprend cet axe et ajoute
: les fuir c'est ainsi faite hâter la guéoula
(libération finale) qu'il nomme alors "arriver
à Jérusalem", car les montagnes nommées
âl haré-véssamim sont Har hammoria
(le mont du Temple : mine haggaloute... lémaher
ha guéoula... har hammoria).
4.
Ibn Ezra prend depuis cela, l'expression bera'h dodi, "fuis
mon bien -aimé" comme "s'élever dans les niveaux
supérieurs" : haChékhina ché âleta
lachamayim, "la Chékhina (présence
divine) qui est montée aux cieux", allusion au dernier
mot du Cantique véssamim qui a la même écriture
que chamayim les cieux (sur Chir hacchirim 5,
2).
5.
Par contre, il ne faut pas faire ici une erreur : il ne s'agit
pas "des cieux d'en haut" qui nous sont inaccessibles, il s'agit
de s'élever vers "les cieux d'ici" car la Chékhina
est ici ; donc fuir à la fois les méchants qui
engluent, et fuir aussi l'éthéré qui n'est
pas notre vie ; et cela est exprimé de plusieurs manières
:
- "pensez
que je suis avec vous" (donc ici-bas) dit Ibn Ezra
sur Chir hacchirim 8, 14, ici : takhchevi ché
ani îmakhém.
- "fuis
les anges et descend vers la montagne des parfums, qui est
Har Tsione car là Hachém a ordonné
que sera la bénédiction sans fin" (Ibn Ezra
sur 8, 11). Donc, cette attitude de regarder le bon et la
lumière de Hachém dans la relation
est un état qui s'appelle "Har Tsione", et
c'est y vivre dans une bénédiction sans fin,
avec la Chékhina. La montagne des parfums,
c'est le monde de la délicatesse dans la relation.
6. Le middrache
insiste sur le fait que cela se réalise par l'écoute
dans le face à face :
béqol
é'had, bénéîma a'hate... hamiîni,
vé im lav bera'h dodi.
c'est
donc une obligation de se parler en face à face, de s'y
écouter dans une écoute telle, de parvenir à
se parler en étant vraiment branchés dans la même
parole sur le même sujet en commun, cela est un niveau
très haut qui est Hachém et Sa Chékhina
; plus encore, si quelqu'un ne fait pas cela, fuis-le.
7.
Cependant, si on doit fuir quelqu'un de bon, il faut toujours
penser que cela est momentané et doit être réparé;
Hachém nous fuit vite quand nous sommes mauvais
mais, dit le Zohar II, 14 a, il ne s'éloigne que comme
font le cerf et la biche qui, pour cela, sont cités ici
: ces animaux fuient en regardant toujours l'endroit qu'ils
ont quitté et ce sont les seuls animaux qui font
cela (ils sont ainsi dessinés sur cette boite syrienne
de tsédaqa).
Cela veut dire qu'il faut encore avoir le souci de l'état
antérieur de bien que nous avons vu chez eux et qu'ils
sont en profondeur camouflée, et atteindre envers eux
la relation réelle et bonne comme Hachém
le fait quand Il ne jette pas Israël.
8.
Cet état est encore comparé à la biche
qui a toujours l'un des deux yeux ouverts même
quand elle dort ou quand elle doit fermer l'autre ; ainsi quand
Hachém doit exercer la rigueur parce que la relation
est inadmissible, Son oeil de Ra'hamim est toujours
ouvert ; le Séfer yéarote dvache, de Ribbi
Yéhonatane, dit : "ché tabbite raq béâine
a'hat véhou chél ra'hamim que Tu regardes
avec un seul oeil, celui de Ra'hamim, miséricorde".
On
comprend par là le Rachi sur Ezéchiel 3, 21 :
"il est bon envers son ami par béra'h dodi".
9.
Le Zohar cité applique maintenant cela au comportement
de Hachém envers Israël décrit dans
Vayiqra 26, 44 : "alors même qu'ils étaient dans
une terre ennemie, je ne les ai pas rejetés et je
ne les ai pas méprisés jusqu'à les laisser
périr entièrement".
Chaque
mot y est très important et doit nous servir de modéle.
Il s'agit bien d'un état malheureux, et non pas d'une
attitude hostile de la part de quelqu'un; l'état de malheur,
de victime ou de prisonnier dans les mains d'un ennemi peut
avilir quelqu'un au point qu'il en arrive à agir mal
et à devenir "détestable aux yeux du riche" qui
a alors la propension à le rejeter; et, si cela n'est
pas compris, la victime serait repoussée et elle périrait,
entièrement.
Cela
est ce qui se passait pour Israël en Egypte, c'est ce qui
peut se passer chez beaucoup de victimes qu'il est facile de
laisser périr jusqu'à l'extinction totale; ainsi,
dans notre économie brutale où la "réussite
" des uns est considérée comme une valeur même
chez nous alors que bien souvent elle est bâtie avec cynisme
sur l'exploitation d'autres qui sont réduits à
la misère; ainsi, combien de femmes sont actuellement
victimes en leur demeure du mépris masculin et de la
violence véritable, exhibée comme une élégance
machisme dans notre société masculine et politique
brutale.
C'est
alors que "la dynamique de la biche" et de la fuite doivent
se mettre en jeu (dont nous avons parlé ci-dessus) :
d'abord voir la lumière vraie de la victime, c'est ce
que fait Hachém, c'est être Ra'hamim.
Le Maharal (Nétivote ôlam, Nétiv hattorah,
3, dit que celui qui n'agit pas ainsi
fait que la Chékhina s'éloigne d'Israël.
Le Rambam insiste sur le fait que celui qui ne délivre
pas les prisonniers transgresse presque toutes les mitsvotes
de la Torah.
Beaucoup
soutiennent que la situation morale va de plus en plus mal dans
notre peuple en Israël, au fur et à mesure que des
courant luttent pour y installer uniquement les valeurs occidentales
en Israël; l'analyse est trop simple car on y fait beaucoup
de choses bien sous des idéologies différentes,
mais on ne fait pas assez ce Ra'hamim du regard et de
la solidarité juive envers ceux qui risquent de périr
entièrement; celui dont la "lumière" n'est
pas reconnue la perd progressivement; et il perd progressivement
et entièrement sa vie. Combien de vieillards j'ai
vu périr ainsi, après une vie sociale et familiale
brillante, à partir du moment où leur grands enfants,
arrivés eux-mêmes au même faîte, ont
nié toute lumière à leur père ou
mère le jour où une déficience physique
se manifestait. Et leur mort était admise déjà
par les enfants comme un fait intégré et dépassé,
ils abandonnaient alors la vie, dans l'indifférence des
enfants classant cela dans les phénomènes naturels,
derrière leur peine d'un minuscule instant.
Ce
problème est réel et les haftarotes de Kippour
sont précises à ce sujet.
10.
Pourquoi alors, dans ce contexte, parler de "parfums
béssamim"? Rabbénou Bé'hayé
(que soient bénis ceux qui me l'ont fait connaître)
nous éclaire : "ne lis pas béssamim mais
béchamayim". Nous revenons là à
ce niveau d'excellence vers lequel il faut fuir et qui est vraiment
"cieux ici-bas". Ils sont "cieux" car on y serait heureux,
avec Dieu et entre les hommes C'est un gane êdén.
11.
Le Zohar dit que les Sages qui ont totalement compris cela sont
proches d'une zone rare et subtile (d'où les parfums)
que l'on nomme "l'entrepôt de parfums du Gan Edén".
Puisque
tout cela est le niveau d'excellence du retour total de l'un
à l'autre enseigné dans le dernier verset
du Cantique des Cantiques, puisque c'est le sommet de la Torah,
puisque sans cela les gens (eux, nous, vous, moi) meurent vraiment,
et puisque avec cela les gens vivent et heureux ensemble,
- pourquoi cela nous est-il donc si difficile ?
- et pourquoi ceux qui essaient parfois de vivre ainsi comme
Moché, Aharone, les prophètes, sont-ils alors
systématiquement suspectés et mis à l'écart?
Toute la Torah n'est que cette attitude de Hachém
Lui-même qui nous aime; n'est-ce pas l'attitude des parents
juifs qui essayent par dessus tout à rendre leurs enfants
sensibles à Sa Torah de Ra'hamim. Faits à
Son image, nous devons agir comme Lui, c'est une règle
toute simple et obligatoire pour un Juif.
12.
Plus étrange encore, Hachém a besoin
de nous, pour qu'on le sorte Lui aussi de Son état
où Il ne réagit pas assez vite envers Son peuple
qui dépérit et perd son temps à ne pas
vivre le bonheur; et ceux qui lui rappellent les promesses de
Sa Torah et Sa lumière amènent la bérakha.
En de multiples middrachim cela nous est conté.
Prenons
celui du traité Bérakhote, traité des bénédictions
page 32 a, qui commente Chémote 32 également,
après la construction du veau d'or.
Ecoutons
:
"Hachém
dit à Moché: va, descends; ces derniers mots signifient
selon Ribbi Eliézer que Hachém dit à
Moché: descends de ta grandeur car Je ne te l'ai accordée
qu'en faveur d'Israël et, comme il a péché,
tu ne me serviras plus. Aussitôt Moché faiblit
et il n'avait plus la force de parler. Mais lorsqu'il entendit
les mots: laisse-moi, Je veux les exterminer (Dévarim
9, 14), Moché se dit que cela dépendait encore
de lui: il se leva aussitôt et se mit à prier et
invoqua la miséricorde divine Ra'hamim... Cela
ressemble à un roi très irrité contre son
fils et qui le frappe d'un coup très violent ; un ami
qui est présent a peur de dire un mot en sa faveur. Mais
quand il entend le roi dire: si mon ami n'avait pas été
là, je l'aurais tué, alors l'ami a compris qu'il
pouvait intervenir, et il sauva le fils".
Le
côté dramatique veut nous montrer combien le
retour de l'un à l'autre est difficile pour Dieu et pour
nous-mêmes. Mais la Torah nous enseigne les codes
et les conduites de ce retour.
Il
va de soi que ces règles de conduite décrites
dans la Torah, concernent autant les dimensions les plus psychologiques
et relationnelles, non seulement parce que c'est une sagesse
séculaire, mais parce qu'il y a adéquation
entre le fonctionnement de l'homme et celui que nous donne la
Torah sur la marche de la Création.
Cela
ayant été bien compris, nous découvrons
le pouvoir que D.ieu donne à l'homme sur Lui.
C'est plus qu'un pouvoir, c'est un besoin du Créateur.
C'est plus qu'un besoin, c'est une demande du Créateur
envers nous: ainsi, en Isaïe 62, 6 il est écrit:
"vous qui rappelez à Hachém (toute Sa bonté
qu'Il est), ne lui laissez pas de répît jusqu'à
ce qu'il ait rétabli Jérusalem complètement".
9.
La dynamique de la biche
Je
souhaite que nos lecteurs, connaissant maintenant "la dynamique
de la biche" qui permet la téchouva, soient
présents à cette lumière de Ra'hamim
en Hachém, en eux-mêmes et dans les
autres, grace au bon oeil qui revient toujours sur autrui.
Ce
bon regard qui fait vivre ; pour qu'ils aient toute l'année
confiance en eux-mêmes et ne soient pas atteints peu à
peu et rongés sur ces points importants par les mesquineries
de la vie. Une vie courte que nous n'avons pas le droit de râter.
"Fuis,
mon ami, mon amie, vers ce meilleur, et vis-le".
Rien
que cette lumière dans ce regard de biche, ce sont mes
voeux pour vous, pour nous, pour moi aussi.
Comme
dit le Gaone de Vilna en terminant son commentaire du Cantique
des Cantiques ; "cela sur les montagnes des parfums,
c'est
LE SANCTUAIRE,
qu'il
soit reconstruit bientôt de nos jours,
amén,
'hazaq."
Je vais maintenant placer quelques photos que j'ai prises à
Jérusalem, entre Roch ha Chana et Kippour pour la plupart,
afin de faire percevoir plus visuellement ces messages transmis
par des mots qui ont toujours le risque de rester intellectuels
et de ne pas saisir notre monde intérieur. L'image touche
le corps, comme le son du chofar. Le message que je tente de
faire passer par ces images est celui que nous avons reçu:
il faut retrouver à Kippour, la délicatesse, la
sensibilité au don du Créateur comme quelqu'un
qui ressentant à nouveau l'amour venant de quelqu'un,
réalise combien son comportement quotidien était
grossier et indélicat.
Il y a des gens qui poseront les mots et les actes du jour de
Kippour et qui, hélas, continueront à vouloir
abuser autrui en le volant, en le trompant dans des procès
faussés, comme ces deux belles bêtes que j'ai surprises
s'entretuant sur une jolie fleur en ces jours:
Au
contraire, il faut retrouver la sensibilité délicate
à l'Autre jusque dans le fond de l'être, comme
percevoir ces gouttes de résine qui coulent minuscules
entre les fentes de l'écorce et en révèlent
l'intérieur sous son apparence rude, et qui reflètent
la lumière du monde environnant dans leur luminosité,
merveille de rencontre que permet l'attention à la profondeur
de l'autre et à la profondeur de soi-même:
Il
faut nous examiner jusqu'à la profondeur des fibres fragiles
mais essentielles de notre coeur, comme ces fils microscopiques
tendus entre les pistils de fleurs, antennes surnaturelles au
coeur de la nature.
A
Kippour, le Ciel ne pardonne rien s'il n'y a pas la faute réparée
et le pardon accordé quand il est sincèrement.
Ne pas faire comme la scandaleuse déclaration d'un responsable
de l'expulsion des Juifs qui a formulé en ces termes
publics: "je n'ai rien fait contre vous mais si vous vous
pensez que j'ai fait quelque chose contre vous, alors recevez
mes excuses". Une gifle supplémentaire. Il faut
retrouver la délicatesse normale de la relation profonde
authentique, vraie, comme cette plume trouvant le contact doux
dans une feuille réceptrice:
ou un repos délicat supendu entre ces deux feuilles:
Il
ne s'agit donc pas, à Kippour, de débiter des
textes, de tenir la performance du jeûne sans travailler
sur la modification profonde de soi.
Il faut retrouver la vérité directe de l'humanité
essentielle comme dans ce contact entre le Rav Ôvadia
Yossef et le Rav David Messas.
Il
faut que le son du chofar et des mots emplissent l'intériorité
comme cette flamme:
et que toutes les parties de notre être, du corps, de
la personnalité, de la néchama, soient unifiées
dans cette nouvelle pureté:
L'intérieur
doit être en vibration à Kippour pour être
travaillé continuellement. Les chants y contribuent:
Notre
problème est identique au niveau le plus personnel ou
au niveau du peuple, et nous en faisons le traitement à
Kippour:
N'OUBLIONS
JAMAIS QUE -contrairement aux autres peuples- LE PEUPLE D'ISRAEL
N'A AUCUN ESPOIR DE JUSTICE SOCIALE, DE SALUT, DE SECURITE ET
DE PAIX S'IL N'ETABLIT PAS CE QUE L'ON APPELLE AUJOURD'HUI LA
"POLITIQUE" SUR LA MORALE DE LA TORAH. LES PROPHETES
L'ONT DIT ET REPETE SANS CESSE ET L'HISTOIRE L'A PROUVE CONSTAMMENT.
NOUS EN AVONS LES DOSSIERS. DE MEME, SI LE PEUPLE D'ISRAEL NE
VIENT PAS VIVRE SUR SA TERRE SELON LA TORAH.
SI LE PEUPLE DESERTE D'UNE FACON OU D'UNE AUTRE OU D'UNE TROISEME,
LE RESULTAT SERAIT LE MEME.
RAPPEL NECESSAIRE AVANT KIPPOUR QUAND LE PEUPLE FAIT SON EXAMEN
DE CONSCIENCE. Lisons
le psaume 81 pour entendre D.ieu Lui-même le dire à
son peuple (lien ici).
Et
je vous souhaite que, enfin, la rencontre soit totale comme
cette abeille qui plonge totalement dans la fleur qu'elle butine;
elle a fait cela pour vous! C'est donc possible. Cela est patient,
discret, possible. Toute la nature a mis du sien pour que nous
réussissions ce Kippour! Et cela, à Jérusalem...
Ki mitsione tétsé Torah, car c'est de
Sion que sort la Torah, ou dévar Hachém mirouchalayim,
et la parole de Hachém depuis Jérusalem.
Essayons,
soyons confiants, comme cette coccinelle venue se poser sur
mon doigt:
Sens
du chofar
Dans
la perspective de ce que nous venons de comprendre, nous allons
approfondir le sens du Chofar. Nous l'avons étudié
selon le niveau simple et symbolique à l'occasion de
Roche
ha Chana. Maintenant, nous allons en étudier le sens
selon les maîtres qui sont entrés le plus dans
le coeur de son pouvoir.
N'oublions jamais qu'on ne peut pas saisir le sens véritable
et complet du Chofar qui concerne des réalités
divines. Le Rambam, Maïmonide est précis sur cette
impossibilité et parle d'une guézzérate
ha katouv, un sens fermé du texte. Donc, ce que
l'on peut trouver même dans les textes les plus élevés
de notre tradition comme le Zohar Emor, page 216, ou le Ets
'hayim 17,5 ou le Sefer ha cavanote sur Roche ha Chana 7, etc
ne sont que des approches; de plus, elles dépassent notre
niveau et nous nous tromperions en pensant comprendre ces textes.
Mais, toujours, les sens les plus élevés restent
reliés aux sens les plus concrets et nous pouvons donc,
sans errer les prendre à ce niveau qui est le nôtre.
Donc, venons à ces Sages, ils nous disent que le Chofar
a le pouvoir d'unir les fonctions essentielles qui se jouent
à tous les niveaux de l'être. La parole, elle,
n'a pas ce pouvoir; elle transmet des mots. Par exemple, des
milliards de gens disent "je t'aime" mais le véritable
message personnel de quelqu'un à un autre ne passe pas
dans ces mots; il faut aussi le son, le ton, le don (!) pour
transmettre qu'il y a amour, ou douleur, ou extase, ou mensonge,
etc.
Le chofar saisit tout, depuis le plus élevé jusqu'à
la douleur, le gémissement (c'est pour cela qu'on lit
le psaume mine ha métsar, depuis l'angoisse
et la souffrance). Le Zohar dit que le son du chofar est feu,
eau et esprit simultanément, il les réunit et
tout est uni comme un couple. Il atteint toutes les dimensons
de la Torah, les 6 (quatre horizontales et deux verticales vers
le haut et le bas). Ceux qui connaissent pensent à ce
que dit le Maharal de Prague sur ces dimensions.
C'est par cela que le chofar peut saisir les dimensions des
forces négatives (le dine et tout ce qui est
symbolisé dans l'intervention du nom Eloqim)
et les transformer en miséricorde (ra'hamim).
Il saisit ce qui frappe (toqef) avec force (guévourotes
et dinim) et le transforme en beauté. Il crée
ainsi autour de nous et d'Israël une sorte de coquille
(mot ressemblant au nom chofar en hébreu: chéfoféréte)
et entoure d'une lumière (or maqif) comme le
foetus est entouré et protégé dans le ventre
de la mère. Les lumières intérieures sont
contenues, protégées et grandissent.
Le son simple du chofar manifeste la bonté, le son coupé
saisit les forces contraires et le troisième son les
réunit.
La forme du chofar elle-même exprime ces dynamiques: le
côté large saisit ces forces négatives vers
le bas, les dents manifestent cette prise et les lèvres
expriment la douceur agissante.
Le corps de celui qui souffle dans le chofar participe lui-même
à ces dynamiques.
Ceux qui ont accès à ces textes y trouveront de
très nombreux enseignements qui n'ont aps leur place
ici. En particulier, tout ce qui est dit de niveaux plus élevés.
A notre niveau, cela doit simplement nous faire comprendre combien
le chofar nous aide à impliquer tout notre être
dans la téchouva qui nous est demandée.
Son nom "chofar" indique, en hébreu,
qu'il améliore (chapér).
Les deux niveaux de compréhension se réunissent
quand, longuement, le Chla développe -sur la base des
enseignements des Sages- que les 10 jours qui séparent
Roche ha Chana de Yom ha Kipour correspondent au cheminement
des dix séfirotes de Bina qui est la téchouva.
Et c'est d'elle que dépend la profusion de la bénédiction
dans notre monde. S'y reporter. Selon sa méthode bien
connue sur Modia, il décrit les mitsvotes, sur le sens
élevé dans la partie Or ha Torah, et enfin le
niveau du comportement qui en découle.
Les
bases pour approfondir:
Bemidbar 29;1
Michna Roche ha Chana 3
Guémara Roche ha Chana 16... 20... 26... 34... Chabbate
131b
Rambam Hilkhote chofar
Sefer ha mitsvote 170
Sefer ha 'hinoukh 405
Semag 42
Choulkhane Aroukh, Orakh Hayim 586...
Chla, Chné lou'hote habrite, Roche ha Chana.
La prière Ana
bé koa'h
Quelques
liens utiles :
Ici,
le chant
de la haftara de la prière du matin de Yom Kippour
Ici,
la haftara
de min'ha de Yom Kippour
Ici,
de nombreux extraits de l'office
de Yom Kippour, chantés par différents 'hazanim
S'il
faut souhaiter à chacun un tsom qal (jeûne
facile), il va de soi que ce n'est pas la principale préoccupation
mais un examen sincère de conscience pour améliorer,
en se souvenant que rien n'est pardonné entre D. et l'homme
si les injustices ne sont pas réparées entre l'homme
et l'homme !
Nous devrons ensuite avoir conscience de vivre dans la fragilité
de la Soucca,
pour que le 25 Tichri, après toutes ces fêtes,
l'année nouvelle commence vraiment, renouvelée.
Comme
la Torah se vit dans le peuple, sur la terre d'Israël et
dans la réalité,
c'est dans ce contexte que nous devons repenser aussi à
la guerre de Yom Kippour. Voici son dossier.
La
guerre de Kippour
Nous
ne pourrons jamais oublier la guerre qui a éclaté
par duperie lors du jour où Israël semblait le plus
désarmé,
Yom Kippour 1973, le 6 octobre. Sous couvert d'exercice d'entrainement
de routine, les forces égyptiennes
ont engagé toutes leurs forces et déferlé
par le sud et les forces syriennes envahirent Israël par
le Golan,
pensant profiter du désarmement national en ce jour saint
pour en finir avec Israël.
Sur la ligne de défense Bar Lév, 70000 Egyptiens
ont déferlé sur 500 soldats israéliens.
Sur le front syrien, 180 tanks israéliens se sont trouvé
face à 1400 tanks syriens.
Les forces iraqiennes et jordaniennes se sont jointes à
l'attaque.
Pendant la guerre, 2700 soldats israéliens perdirent
la vie. N'oublions pas ces victimes et leur famille, pour toujours
brisées.
Nous n'avons pas encore retrouvé la véritable
confiance que nous souhaitons avec nos voisins car ils continuent
à soutenir nos exterminateurs chaque fois que ceux-ci
se redressent.
Le
10 octobre, bé ezrate Hachém, Israël
contre-attaque sur le front syrien et brise l'avancée
en détruisant 300 tanks syriens.
Le 22, Israël parvient à occuper toutes les positions
syriennes sur le Golan et le Hermon,
et a détruit son système missile/antimissile qui
avait été l'originalité de cette nouvelle
forme de guerre.
1100 tanks syriens ont été détruits. 370
syriens sont prisonniers et 65 soldats israéliens.
La plus grande partie de la flotte syrienne est détruite.
Sur
le front égyptien, l'aviation israélienne est
face au système de missiles pour la première fois.
Le 14 octobre vit une imense guerre de tanks où les forces
égyptiens en perdirent 200.
Le 15, le général Sharon franchit le canal de
Suez et surprit ainsi les forces égyptiennes en détruisant
sur place le système de missiles; l'aviation israélienne
peut alors intervenir et "terminer le travail".
Le 21, l'ONU appelle au cessez-le-feu qui prend effet le 22.
20000 soldats égyptiens se trouvent ainsi isolés
dans le Sinaï ainsi que 300 tanks.
Les forces israéliennes occupent 1600 kms carrés
en Egypte.
1000 tanks égyptiens ont été détruits
et 8000 de leurs soldats sont prisonniers
ainsi que 240 soldats israéliens sur ce front.
Une grande partie de la flotte égyptienne est détruite
et Israël a le contrôle de cette zone de la Méditerranée
et de la Mer Rouge.
L'accord de cessez le feu est signé le 11 novembre au
kilomètre 101.
Suites
de la guerre
En 1974, le retrait israélien.
En novembre 1977, la visite de Sadate à Jérusalem.
En septembre 1978, les accords de Camp David.
En mars 1979, le traité de paix entre Israël et
l'Egypte.
Cette guerre a vu l'apparition des fameux missiles Sam-6 soviétiques
et le concept de guerre modifiée par les progrès
technologiques.
3500 soldats syriens ont péri et 15000 égyptiens.
Les
conséquences de cette guerre furent les suivantes :
- découverte de l'illusion des lignes de défense
militaire (Bar Lév, la "ligne Magino" israélienne),
- dépendance d'Israël envers les Etats- Unis qui
ont soutenu Israël alors que d'autres Etats occidentaux
ont passivement coopéré avec l'espoir de destruction
d'Israël et cela ne sera jamais oublié. Nous
n'oublierons jamais qu'après la Shoa, à nouveau
les Etats européens ont refusé aux Juifs en 1973
les mesures qui auraient pu encore les sauver: ils ont refusé
le passage des avions américains sur leurs aéroports.
Infamie qui nous révèle exactement ce qu'il en
est.
Cette dépendance est augmentée par le fait que
le budget israélien a dû, depuis, faire une part
considérable à l'armée, à la recherche
militaire et obtenir pour cela aide économique et coopération
de recherche avec les USA.
- choc psychologique dépressif en Israël sur la
confiance à faire aux chefs militaires et aux leaders
politiques du courant qui avait fondé l'Israël étatique
(Mapaï puis Avoda), avec les démissions de Golda
Meir et de Moché Dayan, en mars 1974, ce qui a entraîné
(depuis la commission Agranat) le sport israélien bien
connu maintenant
des commissions de mise en cause et d'accusation des responsables,
les mouvements engagés de protestation,
le débat sur les frontières et la confiance à
accorder aux Etats environnants,
la place du stratège efficace mais indépendant
face aux ordres légaux, le général Sharon
et son style,
la réflexion aigüe sur le sens de la destinée
et de la religion face au destin de survie.
- la brisure d'Israël en deux blocs : le mahapakh
(renversement politique) s'est produit le 17 mai 1977
par l'arrivée au pouvoir du Likoud, entraînant
un second grand choc psychologique dans la gauche askénaze
et la première légitimation historique nouvelle
de l'autre Israël de droite et des édote hamizra'h
(sépharades et autres communautés orientales)
associés ensemble depuis lors.
Des tentatives successives de mouvement centriste apparaissent
puis échouent.
L'abandon progressive de l'idéologie du kibbouts (pratiquement
disparue aujourd'hui sous sa forme de fondation idéologique)
est allée de pair avec une libéralisation de plus
en plus grande et de plus en plus sauvagede l'économie
à l'américaine.
Tout
cela a été causé ou accéléré
par cette Guerre de Kippour.
Les ondes d'instabilité de ce choc continuent en Israël.
Documentation:
Brève et utile rétrospective
des guerres d'Israël et celle de Tsahal.
Texte de la prière de Yizkor pour les soldats tombés
au champ d'honneur, et son
de la prière.
Registre des vies des soldats
tombés, avec leur photo.Exemple.
Une bonne analyse
brève de ces guerres, en français.
Les photos
de la Guerre de Kippour
Tout sur la guerre
de Kippour, en hébreu
Discours
traduit du Président égyptien Muhammad Anwar al-Sadate
(25.12.1918 - 06.10.1981) le 20 novembre 1977 à la Knesset
et extrait en
direct ici
Kippour... en République
tchéque!
La alyah
et la guerre de Kippour.
Le Jour de Kippour vu par le poète alsacien (et français
et israélien) Claude
Vigée.
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