Le corps est un sanctuaire,
sa pierre est de chair,
une âme divine l'habite,
il faut que chacun le révère.
Et quand il se promène,
il se protège de parures discrètes,
et le regard des autres le respecte,
reste distant et très modeste.
Il est beau, elle est belle,
le sait-il, le sait-elle
qu'il porte en lui, qu'elle porte en elle
le bonheur et la lumière célestes ?
Un bon regard lui révèle
que sa lumière pure éclaire.
Elle est diamant et perle,
une création unique et céleste
qui se promène dans le jardin d'Eden.
Et si elle est bat Israel,
alors elle est en fonction de prêtre,
réservée parmi toutes pour transmettre,
présence et révélation du Maître.
Chacun le sait, et la révère
d'un regard pur et sincère:
une femme transporte Sa lumière,
son port est l'édifice de Son sanctuaire,
les autres sont Ses fidèles,
en prière.
Elle est drapée comme une reine
qui se protège et se respecte.
Elle sait que son royaume est éternel.
Note: bat Israel signifie fille du peuple
d'Israël
Il est des civilisations millénaires qui ont acquis
et gardé le sens de la pudeur et de la beauté,
le corps y est mis en valeur dans le vêtement en
soulignant sa beauté mais sans la dévoiler
ni provoquer.
Le judaïsme nous enseigne également cette
beauté par l'exemple éminent du Cohen gadol,
le Grand Prêtre Aharon dont tout vêtement
nous enseigne qu'il est support de la présence
céleste en fonction pour élever ses frères.
Beauté, propreté, symbole, respect,enseignement.
Relisons l'étude de la paracha Tetsavé (lien
ici).
La civilisation occidentale descend chaque année
davantage vers la nudité intégrale, sans
symboles, sans rien à dévoiler ni à
échanger, le corps brut à consommer comme
les chiens qui se cherchent dans la rue, sans aucune attention
à l'intériorité: renifler du regard,
exhiber, consommer et abandonner sans avoir rencontré.
Et cela devient habitude, obligation de modernité.
Le regard lui-même est abîmé, civilisation
de mensonge par les images qui veulent faire croire que
le bonheur de la surface d'image à la TV nous assure
tous nos rêves par une voiture ou tout achat ordinaire.
Et notre regarde regarde toutes les misères de
la planète en insensiblité. Il nous faut
retrouver la virginité du regard pour retrouver
le respect.
Le Juif et la Juive risquent aussi de tomber sous l'influence
de cete civilisation. Et spécialement dans les
périodes de vacances où la nudité
devient souvent règle sur les plages. A chacun
de maintenir le respect de son être, savoir ce que
le spectacle de notre corps dénudé fait
perdre également en dignité pour l'autre
qui oublie ce dont nous sommes porteurs en dignité.
Je reste volontairement bref, chacun comprend et peut
tirer les conclusions de ce rappel.
Le regard
Personne ne pourra faire pour nous cet immense travail
personnel d'éduquer notre regard, de veiller à
ce que nous offrons au regard de l'autre pour que ce soit
le meilleur de lui-même face au meilleur de nous-mêmes.
Allons étudier le regard d'Avraham vers Sarah:
http://www.modia.org/tora/berechite/haye-sara.html
Nous avons à éduquer notre regard à
LA Présence, chez nous-même et chez l'autre,
c'est tout ce travail que nous faisons sur Modia par les
photos qui nous font rencontrer le coeur de la Torah dans
ce qui est visible: http://www.modia.org/galerie/mefoto.html
Des pages entières sont aussi bâties pour
que les parents s'entaînent à ouvrir les
enfants à ces dimensions: http://www.modia.org/jerusalem/jeruneuf.html
Voyez le regard pur de Boaz envers Ruth: http://www.modia.org/tora/nakh/ruth.html
La paracha Nitsavim nous montre que, en
tout cela, nous devons encore en appeler à la Miséricorde
de D.ieu (Ra'hamim) : cette forme d'expression de Sa bonté
entre en jeu quand les efforts et mérites de l'homme
ne sont pas suffisants. Alors la source de la bénédiction
s'ouvre d'elle-même si l'homme a fait ce qu'il a
pu, et il est étonné de voir que cest
de l'intérieur même de son angoisse que vient
le salut, comme un retournement du mal en bien ; cest
ce que dit le psaume 121 : (méayine yavo êzri)
qui se traduit simultanément par "d'où
me viendra mon aide" et également par "du
néant (ayine) viendra justement mon aide"
(par Sa miséricorde) car ce niveau, inatteignable,
est celui de la "source" (ayine) de toutes les
bénédictions, celle du ratsone et celle
du nom Ehié, comme l'indique le Rav Guiqatilia
dans Chaâréi Ora. Le mot hébraïque
oeil (ayine) joue sur tout ce qui peut virer en un instant
soit vers la source de tout, soit s'effondrer dans le
néant.Cela chez tous les humains, des plus grands
aux plus petits, et à tous âges. Le Créateur
nous a donné cela pour choisir la vie entre le
mal et le bien: mobilisons notre liberté.
Nous aurons l'occasion, spécialement pendant l'été
de travailler sur cette rectification du regard et ce
sera une excellente préparation à la téchouva,
le retour en repentance, que nous devons faire avant la
nouvelle année.
Nous comprenons alors ce que dit souvent
le Rav Eliahou ben Moché Vidas dans Réchite
'Hokhma (voyez le chapitre 9, 18 ou chapitre 8 par. 5,
13 et 38: "bat âyine, zé haChékhina,
la prunelle des yeux est la Chékhina" (manifestation
de la Présence divine). Nous y sommes en contact
avec la Présence divine en chacun ou nous perdons
toute cette valeur pour le rien. Et l'on comprend qu'il
cite les Tiqouné Zohar 252b: "celui qui pèche
contre la Chékhina,c'est comme s'il la dénudait
de Ses vêtements".
Nous trouvons là le sens de la richesse dans le
vêtement, et dans le regard. Puissent les Juifs
trouver ou retrouver ces enseignements si merveilleux
et avoir la force de ne pas aller vers les autres dieux
offerts à eux par l'autre civilisation.
Et, en la plupart des langues, cette "pupille"
(du latin, petite enfant) se nomme ainsi également:comme
ichone en hébreu (petit homme), car là nous
pouvons naître dans le regard vers l'autre ou ne
pas naître.
C'est le meilleur de notre bonheur dont nous avons reçu
la clef quand nous veillons sur notre regard envers l'autre
sexe, pour ne pas nous effondrer dans le rien mais, au
contraire, pour nous relier au meilleur de nous-même,
de l'autre et de la Chékhina. Le Zohar dit que,
alors, nous revêtons de parures la Chékhina.
Quel honneur d'avoir reçu une telle confiance de
la par du Créateur.
Il m'arrive parfois de dire à des parents religieux
et effondrés de voir leurs enfants aller aux Indes
et y retourner: essayer de ne pas voir en cela une perte
de tout ce que vous espérez pour eux mais essayez
de comprendre ce qu'ils recherchent par là. Ils
m'ont parlé et m'ont dit qu'ils recherchent ce
qu'ils pensent y trouver: une spiritualité sensible
jusque dans le vêtement; ils sont blasés
des corps dénudés et retrouvent une beauté
dans le port et la dignité des femmes en sarees.
Ils ont soif d'un respect. Cela devrait être pour
vous un avertissement: donnez leur dans votre tradition
ce qu'il y a en cela et qu'ils n'ont pas encore trouvé.
Nous l'avons, vous n'avez pas encore trouvé les
mots pour les en approcher.
Nous demandons dès les premières bénédictions
du matin que le Créateur nous ouvre les yeux aveugles
(poqéa'h îvrim). Nos textes disent que le
Sage a les yeux dans Sa tête ('hakham êinav
bé rocho), cela veut dire que nous devons jamais
quitter du regard la Présence intérieure
même quand l'extérieur sollicite brutalement.
C'est pour cela qu'il est écrit aussi dans toute
synagogue, ce verset des psaumes: "Chiviti Hachém
lé négdi tamid, je me représente
Hachém face à moi toujours".
Parfois, comme dans la prière, nous avons même
besoin de fermer les yeux pour être vraiment centrés
sur l'essentiel.
Tout cela est suffisant pour nous comprendre et gérer
notre regard envers autrui, et l'exposition de notre corps
à autrui, spécialement dans les périodes
de vacances, mais aussi dans la rue tout simplement. Un
exercice constant. Par le regard, nous pouvons monter
de niveau en niveau, ou descendre vers le néant.
A nous de jouer. Là où sera notre regard,
voilà ce que nous deviendrons.
Nous comprenons mieux le sens de ce que nous disons: béli
âyine ha râ, sans mauvais oeil. Il ne s'agit
pas de superstition mais il s'agit de ne pas tomber dans
le mal par le regard. Par lui, nous pouvons améliorer
le monde, si facilement.
Pour exercices en bonheurs: http://www.modia.org/jerusalem/jbotanic0403/jerubotanic2-0403.html
ou des images qui rayonnent parfois d'amour:
http://www.modia.org/tora/nakh/chirachirim3.html
ou l'émoi des rencontres d'amour dans le regard:
http://www.modia.org/galerie/orkid.html
Et quelques poèmes de regard:
- regard-sourire inoubliable d'un enfant avant sa mort:
http://www.modia.org/poeme/dechirement/056.html
- regard inoubliable du père admirant la nature:
http://www.modia.org/poeme/enfance/029.html
ou dans les travaux de jardinage ensemble: http://www.modia.org/poeme/enfance/044.html
Nous cherchons le meilleur: lisez ce que dit du regard
le Cantique des Cantiques.
Nous aurons une règle pour nos regards: le respect.
Image de la pureté d'un regard
qui illustre bien notre texte, photo du Rav
Chalom Messas, zal.