2e page de l'étude
de la paracha Bo, avec la haftarah de Jérémie
par le Rav Yehoshua
Ra'hamim Dufour
http://www.modia.org
Situons le prophète Jérémie
parmi les 48 prophètes d'Israël
LISTE DE RACHI
dans le Traité du Talmud
Méguila page 14 a
|
Années approximatives
|
Période historique |
Références,
concernant le roi ou le règne
(à compléter)
|
Références concernant le prophète
|
1 - Avraham |
1948-2123 |
. |
. |
Béréchite 20, 7 |
2 - Yits'haq |
2048-2228 |
. |
. |
Béréchite 26 |
3 - Yaâqov |
2108-2255 |
. |
. |
Béréchite 21, 3 |
4 - Moché |
2368-2488 |
. |
. |
. |
5 - Aharone |
2365-2487 |
. |
. |
. |
6 - Yehoshua |
2406-2516 |
. |
. |
Dévarim 34, 9 |
7 - Pin'has |
2516- |
. |
. |
Chofetim 6 |
8 - Elqana |
. |
. |
. |
I Chmouel 2, 27 |
9 - Eli haCohen |
. |
. |
. |
I Chmouel 2 |
10 - Chmouël |
2871-2884 |
. |
. |
Livre de Chmouel |
11 - Gad |
vers 2880 |
. |
. |
Baba Batra 15a |
12 - Natane |
vers 2920 |
. |
. |
I Rois 1
Horayote 13a |
13 - David |
2884-2924 (-1000) |
. |
. |
I Chmouel 16, 13 |
14 - Chlomo |
2924-2964 |
. |
. |
. |
15 - Iddo |
vers 2970 |
. |
. |
I Rois 13
Sanhédrine 89b et 104a |
16 - Mikhaïhou ben Yimla |
vers 3030 |
. |
. |
I Rois 22...
Sanhédrine 39b |
17 - Ôvadia |
vers 3030 |
|
. |
. |
18 - A'hiya haChiloni |
. |
. |
. |
I Rois 15, 27-29
Seder Ôlam fin ch. 1.
Baba Batra 121 b |
19 - 'Hanani ha Roé |
vers 3000 |
. |
. |
II Divré hayamim 16 |
20 - Yéhou ben 'Hanani |
vers 3000 |
. |
. |
I Rois 16
II Divré hayamim 19 |
21 - Ôdéd |
vers 3190 |
A'haz 3183-3199 |
. |
II Divré hayamim 28, 9 |
22 - Âzariahou ben Ôdéd |
. |
. |
. |
II Divré hayamim 2, 15 ; 28 |
23 - Ya'hziel haLévi |
. |
. |
. |
. |
24 - Eliêzer ben Dodyahou |
vers 3040 |
. |
. |
II Divré hayamim 16 et 20 |
25 - Hochéâ |
vers 3150 |
Règne de Ouzia et 'Hizkiya
3129-3228 |
. |
Livre de Hochéâ
Pessa'him 87a Baba Batra |
26 - Âmos |
vers 3150 |
Ouzia 3130-3168 |
. |
. |
27 - Mikha haMorachti |
vers 3160 |
Yotam 3168-3183, A'haz 3183-3199,
et 'Hizkiya 3199-3228 |
. |
II Rois 15, 32
II Divré hayamim 28, 9
II Rois 18, 2
Livre de Mikha |
28 - Amots, père de Isaïe |
. |
. |
. |
Méguila 10b
Sanhédrine 96b |
29 - Eliahou (Elie) |
vers 3000 |
. |
. |
II Rois |
30 - Elicha |
vers 3050-3100 |
. |
. |
II Rois |
31 - Yona ben Amitaï |
. |
. |
. |
. |
32 - Yéchaya ben Amots (Isaïe) |
vers 3150-3200 |
Ouzia;
Yotam 3168-3183, A'haz 3183-3199,
et 'Hizkiya 3199-3228 |
. |
Livre d'Isaïe
Méguila 10 b
Baba Batra 15 a |
33 - Yoel ben Péchouel |
vers 3250 |
Ménaché 3228-3283 |
. |
Livre de Yoel
Bamidbar Rabba 10, 14
Sota 52a
Taânite 5a
Chéqalim 6, 3 |
34 - Na'houm haElqochi |
vers 3250 |
Ménaché 3228-3283 |
. |
Livre de Na'houm
Sota 52a
Taânite 5a
Chéqalim 6, 3 |
35 - 'Habaqouq |
vers 3250 |
Ménaché 3228-3283 |
. |
Livre de 'Habaqouq
Sota 52a
Taânite 5a
Chéqalim 6, 3 |
36 - Tséfaniya ben Kouchi |
vers 3300 |
Yochiyahou 3285-3319 |
. |
Livre de Tséfaniya
Soucca 52b |
37 - Ouriyahou ben Chémayahou |
vers 3320
proche de la destruction du Temple |
Yéhoyaqim,
3316-3327 |
. |
Jérémie 26, 20 |
38 - Yérmiya ben 'Hélqiyahou (Jérémie)
ou Yirméyahou |
vers 3300-3330
proche de la destruction du Temple |
Yochiyahou 3285-3319 et Tsikiyahou
vers 3340 |
. |
Rapport maître/élève avec Isaïe : Eikha
Rabbati 1, 61 et Chir haChirim Rabba 7, 13.
Livre de Jérémie.
Yoma 69b, Taânite 22b, Sota 41b, Baba Qama 16b, Sanhédrine
89a |
39 - Yérézqél (Ezéchiel) |
vers 3330
proche de la destruction du Temple |
Tsikiyahou
vers 3340 |
. |
Livre d'Ezéchiel
Chabbate 13b,
Îrouvine 21a, 'Haguiga 13a-b,
Rachi sur Sanhédrine 92b |
40 - Daniel |
vers 3350-3400 |
Nabuchodonozor |
. |
Livre de Daniel
Méguila 3a (sur sa grandeur) et 15a sur son rôle envers
Esther 4, 5.
Îrouvine 21a, 69b et 76b. Taânite 8b. Méguila 3a,etc. |
41 - Baroukh ben Néria, disciple de Jérémie |
vers 3350-3400 |
Nabuchodonozor et Darius II
vers 3340 |
. |
Jérémie 32, 12 et 51, 59
Méguila 14b et 15a et Rachi, Ména'hote 30a |
42 - Néria |
|
Tsikiyahou
vers 3340 |
. |
II Chroniques (Divré hayamim) 25 |
43 - Chéria ben Néria, disciple de Jérémie |
vers 3350 |
Nabuchodonozor et Darius II
vers 3340 |
|
Jérémie 32, 12 et 51, 59
Méguila 14b et 15a |
44 - Ma'hséya |
|
Tsikiyahou
vers 3340 |
|
II Chroniques (Divré hayamim) 25 |
45 - 'Haggaï |
3408 (juste avant la construction du 2e Temple)-3450 |
Darius II de Perse
vers 3300-3340 |
Prophétise dans la 2e année de Darius II |
Livre de 'Haggaï.
Péssa'him 17a,
Yébamote 16a,
Qiddouchine 43a |
46 - Zékharia (Zacharie) |
3408 (juste avant la construction du 2e Temple)-3450 |
Darius II de Perse
vers 3300-3340 |
Prophétise dans la 2e année de Darius II |
Livre de Zékharia
I Divré hayamim 25
Îrouvine 21a, Yoma 15b, et 39b, Méguila 3a, 15a, 31a. |
47 -Malakhi (Êzra) |
|
Darius II de Perse
vers 3300-3340 |
Prophétise dans la 2e année de Darius II |
Livre de Malakhi
Méguila 15a |
48 - Mordékhaï haYéhoudi. |
3400-3450
pendant l'exil de Bavél 3327 |
Cyrus, Assuérus,
vers 3390 |
Prophétise dans la 2e année de Darius II |
Livre d'Esther,
surtout 2, 6
Ezra 2, 2
Pessa'him 107a,Chéqalim 85a et b, et toute le traité
Méguila. |
Autres cités |
. |
. |
. |
. |
Natane |
époque de David |
. |
. |
I Rois 1, 11 |
Assaf, Heimane, Yedotoune |
. |
. |
. |
Sédér Ôlam |
A'hiya hachiloni |
. |
. |
. |
. |
Chémaya |
. |
. |
. |
. |
Yakhazél ben Zakharia |
. |
. |
. |
II Divré hayamim 20 |
Zimri |
. |
. |
. |
I Rois 16, 10... |
Fils de Kora'h |
. |
. |
. |
Chémote 6 |
Comment sont-ils nommés ?
Dans Sédér Ôlam, ch 20 :
10 sont nommés Iche haEloqim : Moché, Elqana,
Chmouel, David, Chémaya, Iddo, Eliyahou, Elicha, Mikha, Amots.
2 sont nommés "le voyant" (haRoé) : Chmouel et
'Hanani (Chmouel 1, 9 et II Divré hayamim 16).
2 sont nommés "fils d'homme" ou "fils d'Adam" (ben Adam)
: Yé'hézqél et Daniel.
Voici maintenant la vie de Yérmiya ben 'Hélqiyahou
(Jérémie) ou Yirméyahou
Dans le parallèle de la paracha Bo et de la haftara, sa vie
nous importe pour comprendre les ressemblances avec celle de Moché
Rabbénou et avec celle du Juif de notre époque.
Il ne s'agit pas seulement d'un "esclavage physique et libération
géographique" mais d'autre chose aussi et surtout.
Pensons à ces paramètres suivants en ayant dans l'esprit
notre situation dans le monde aujourd'hui:
- la solitude des leaders spirituels et du Juif, au milieu du tourbillon
des luttes humaines,
- la force des puissances nationales, et la faiblesse de celui qui
mise sur la confiance en la parole de Hachém,
- le rôle d'instruments historiques que Hachém
fait intervenir (les plaies dans la paracha, et les puissances adverses
dans la haftara),
- puis le salut du seul faible, hors de toute logique humaine,
- le désarroi final des puissances qui dominaient,
- mais tout cela n'est possible que parce qu'il y a ces témoins
divins (les prophètes) qui sont dans le canal vertical de la bénédiction
et qui sont aussi pleinement dans le canal horizontal des besoins de leur
peuple. Et parlent. Sans cela, rien ne peut s'améliorer.
Voyons comment Jérémie, que nous nommerons désormais
Yirméyahou, affronte tout cela. Le lien avec Moché et
le lien avec les défis que nous avons à affronter sera clair.
Depuis des siècles, comme aujourd'hui, Israël est pris en
étau entre les rivalités du Sud (Egypte-Mitsrayim) et celles
du Nord (Assyrie-Perse et Syrie) et celles de l'Est (Babylone-Iraq). Comme
le mouvement d'un balancier, les troupes de chaque empire franchissent
alternativement la terre d'Israël pour tenter de dominer tout l'ensemble.
Israël a reçu un seul message de la Torah : ne pas
s'allier à l'apparence des puissances, surtout pas à celle
de l'Egypte, malgré le sentiment de nécessité, mais
uniquement avoir confiance en la puissance divine... à condition
qu'Israël vive dans la Torah et l'unité.
C'est là que se joue le défi. Hélas, Moché
n'a pas seulement à affronter le Pharaon, il a aussi à affronter
son peuple qui voit les évidences apparentes :
- on sait ce que l'on a de bon en devenant esclave de la puissance
dominante qui propose de nous exploiter économiquement, et il est
probable qu'on n'aura rien dans notre désert solitaire avec la Torah,
- cette puissance dominante nous promet la protection et la sécurité
si nous devenons ses esclaves économiques et culturels, ce qui veut
dire abandonner notre identé de foi envers Hachém
et envers nos valeurs,
- nous savons bien que la Torah refuse ces obédiences et servilités,
et qu'elle nous assure la réussite, la sécurité, la
destruction des attaquants.
C'est là le combat du prophète Jérémie,
il ne s'agit pas de lamentations ni de jérémiades. Voyons
donc cela dans la vie de Jérémie pour comprendre notre haftara.
En
chaque époque, nous avons à vivre la même actualité
et les mêmes défis. Curieusement, la géopolitique de
la région n'a pas changée d'un pouce depuis des millénaires,
c'est que les enjeux sont les mêmes.
Je me souviens d'entretiens avec un responsable de l'ONU qui se déplaçait
sans cesse de Jérusalem à Damas et au Caire et qui ignorait
tout de cette géopolitique millénaire, alors que les nations
engagées dans les conflits locaux ont toutes la même mémoire
que les Juifs sur leur passé et leur présent. Dérisoires
empires modernes de l'Occident qui ignorent leur ignorance.
L'histoire de Jérémie qui nous enseigne sur Moché
et la paracha Bo
1.
En -627, Jérémie arrive 3 siècles après
l'empire du Roi Salomon (-965-928).
Depuis, le peuple juif s'est divisé en deux royaumes rivaux:
- celui de Yéhouda autour de Jérusalem et qui a vu 17
rois ou régents se succéder jusqu'au roi Josias contemporain
de Jérémie; ils ont souvent péri tragiquement.
- celui d'Israël au Nord, qui en a vu 19 se plaçant souvent
en vassaux de la puissante Assyrie pour réduire la puissance de
Jérusalem. C'est un phénomène continu dans notre histoire.
Mais, chaque fois que les Juifs veulent plaire et s'allongent en tapis
brosse, ils n'en reçoivent que davantage de coups.
2.
Un siècle avant Jérémie, Sargon d'Assyrie annexe
tout simplement la Samarie et déporte sa population en Assyrie.
Il ne reste plus que le royaume de Yéhouda (c'est l'entité
que l'on veut aujourd'hui enlever à Israel!).
3.
Comme nous avons vécu la puissance de l'empire communiste et
sa dislocation, la mort de Assoubanipal en -626 amorce l'effritement
de l'Assyrie. Comme la Russie a repris son indépendance,
alors c'est la Chaldée qui détruit Ninive avec Nabopolossar,
libère Babylone et devient la puissance à l'Est.
4.
L'Egypte s'est émancipée elle-même et tente en
vain de sauver Ninive et de l'accaparer, mais elle doit se replier tout
en devenant une grande puissance militaire, culturelle et économique
au Sud.
L'axe triangulaire de Napoléons rivaux (Egypte-Iran-Bagdad)
voulant tout annexer existe encore jusqu'à maintenant. Le petit
pays d'Israël ne pèse pas lourd au milieu, n'est qu'un lieu
de passage, d'affrontement, un prétexte, un champ de bataille entre
ces puissants.
Sachant cela, lisez maintenant la haftara, elle devient claire, sanglante,
précise comme les journaux télévisés d'aujourd'hui
sur cette même région.
Le Pharaon égyptien, comme aujourd'hui l'empire américain,
organise alors des coalitions dans la région pour régler
les comptes contre les petites empires obstinés de l'Est qui restent
une menace militaire pour l'avenir. Il franchit sa frontière
où Yochiyahou (Josias) le roi de Yéhouda prétend en
vain lui barrer le passage. C'est la bataille et l'échec de Méguido.
5. L'interpellation prophétique
Yirméyahou voit les erreurs de son peuple qui en reste comme
nous à suivre le journal des affrontements horizontaux des divers
puissances politiques et militaires, et il le rappelle à
retrouver l'axe de vision que lui donnait Moché Rabbénou.
Il s'agit de ne pas se comporter comme une femme adultère (lisez
le ch. 3), mais de retrouver la raison de notre identité (ch. 4),
d'abandonner toute corruption sociale (ch. 5) jusque dans la vie religieuse,
de mettre Jérusalem à sa vraie place de sanctuaire (ch.
6-7). Tout cela nous parle aujourd'hui. Et y a t'il ces leaders spirituels
qui interpellent tout le peuple aujourd'hui sur cela ?
Yirméyahou le faisait et sa douleur augmentait car le peuple
ne bougeait pas, ne s'améliorait pas, alors qu'il est évident
que le vide et l'exil de la qédoucha (sainteté) sera
rempli ipso facto par les ennemis avec leurs crimes de sang et leur
occupation du terrain (ch. 8). Il interpelle pour que le peuple juif ne
cherche pas son salut dans les nations étrangères (ch.
10) mais en Hachém. Il éclaire sur l'alliance
que Hachém propose encore aujourd'hui à notre peuple
(ch.11) où tout est dit. Que le Ciel envoie de tels messagers.
6.
Ensuite, hélas, nous avons les descriptions des larmes et
soucis de Yirméyahou devant l'indifférence. Une partie
du peuple était sur sa terre, le roi Josias battu et mort à
Méguido avait même rebâti une sorte de sionisme nationaliste
centré sur Jérusalem. Mais Yirméyahou avait dénoncé
cette entreprise qui ne pratiquait pas la morale de la Torah (lisez
le chapitre 7). Que d'enseignements concrets envers ce qui se passe aujourd'hui!
Qui oserait parler ainsi de la Torah aujourd'hui ? En tous cas, cela ne
se fait pas, souvent on se bat seulement autour du budget. Pourquoi n'entend-on
pas cette interpellation prophétique ? Yirméyahou l'a appris
à ses dépens : le peuple veut le tuer pour son rappel
à l'ordre vital, moral, de justice sociale et de droiture religieuse
(ch. 26) pendant le règne de Yéhoyaqim, le fils de Josias.
D'autres prophètes sont simplement liquidés comme avertissement
de se taire.
7.
Toute cette situation correspond en fait à l'état
d'esclavage du peuple en Egypte, et de nos esclavages identiques d'aujourd'hui.
En effet, en Egypte, nos ancêtres n'étaient pas toujours
ployés sous les fardeaux mais ils étaient bien insérés,
riches, estimés des autres nations comme on le recherche aujourd'hui
(lisez Chémote 11, 2-3 qui le prouve).
Alors, au ch. 27, Hachém dit à Yirméyahou
d'aller parler aux puissants des diverses nations comme Moché en
a reçu l'ordre d'aller devant Pharaon et dans les mêmes termes
(lisez ch. 27; 4-5). Tout y est dit, jusqu'au premier commentaire de Rachi
sur la Torah. Nul ne peut s'opposer à cela, aucune religion qui
prétendrait déposséder le peuple juif de sa Torah,
ou de sa terre car, simplement, telle est la volonté de Hachém
qui ne dépend pas de ce que pensent les puissants en Egypte, en
Iran-Perse, au Vatican, à Paris, New-York, Bruxelles, etc. Yirméyahou
doit aller le dire aux roitelets de la région.
8.
Yirméyahou annonce davantage : puisque la ligne de la Torah
n'est pas suivie (ne soyons pas sourds), Hachém a décidé
quel adversaire il va envoyer qui nous forcera à comprendre puisque
tous les dons reçus et tous les désastres ne servent à
rien également.
C'est une prophétie terrible. Il est le journaliste de l'actualité
de demain.
Effectivement, aucun leader spirituel ne reprend son message, aucun
expert politique ou militaire ne le prend au sérieux, il ne fait
pourtant que répéter la Torah et la paracha Bo.
9.
Aussi, les stratèges militaires myopes se mettent en mouvement,
la coalition de paix entre l'Egypte et Israël serre les rangs et
est prête à affronter les ennemis de l'Est (comme nous pouvons
réfléchir sur ces scénarios!). Hier, comme aujourd'hui,
le petit peuple d'Israël est mélé involontairement
à ces affrontement gigantesques car le Maître du monde a
donné à Son peuple la règle morale de la vie
sur terre et elle n'est suivie par personne.
10.
Et Nabuchodonozor, roi de Babylone à l'Orient, arrive et écrase
cette coalition de l'Occident qui était allée jusque sur
le bord de l'Euphrate : c'est la bataille de Carkémiche et l'écrasement
pour toujours de l'Egypte dans sa gloire ancienne.
11.
Ainsi, Israël voit une nouvelle fois son union avec l'Egypte
se terminer par la défaite de l'Egypte au nom de la fidélité
qu'Israël aurait dû garder envers la Torah.
Certes, Israël sera sauvée finalement, et l'Egypte aussi
(ch. 46, 26), et les autres nations également, mais quel gâchis
par notre faute, notre surdité, notre bêtise, notre servilité
empressée à suivre toutes les cultures pourvu qu ce ne soit
pas la beauté de la Torah.
C'est écrit dans la Torah et dans les Prophètes, ce n'est
pas une opinion personnelle. Cela est écrit et nous est redit chaque
année pour notre enseignement.
Ne tuons pas à notre tour les enseignants qui transmettent simplement
la Torah que nous souhaitons connaître!
12.
Plutôt, écoutons simplement ces mots un à un de
la fin de la haftara (ch. 46, 27 et 28) : "ne crains pas car Je suis avec
toi" (ki itékha Ani). Voilà les mots entendus et jamais
oubliés que nous gardons dans notre coeur et dans notre tête
jours et nuits. Ils sont notre lumière, notre certitude, notre méditation,
notre union, notre amour, notre passé, notre présent et notre
avenir.
Maintenant, si nous avons encore de la sincérité, nous
pouvons avec notre être, avec notre personnalité et dans notre
actualité, revenir vers la paracha. Nous comprendrons cette fois
le scénario de la sortie d'Egypte dans son axe réel révélé
par le prophète Yirméyahou: absolument concret, intérieur
et collectif.
Note
Nous venons de terminer ce commentaire en passant du général
au particulier, ce que l'on appelle en hébreu la règle de
Klal
ou frate. Pourquoi ? Parce que la structure linguistique très
précise de la haftara l'indique : par exemple au verset 46, 14,
" haguidou béMitsrayim, proclamez-le en Egypte (globalité),
véhachmiou bé Mikhdol, et faites le savoir à
Mighdol (particulier compris déjà dans la globalité
de l'Egypte)".
Ce procédé de la Torah a pour but de nous faire comprendre
que l'enseignement donné s'adresse à tous, certes, mais surtout
à chacun en particulier à l'intérieur de ce tout,
et non pas de façon anonyme à l'ensemble. Ce procédé
de raisonnement se nomme une midda. Il y a 13 middotes de ce type,
indispensables pour analyser et comprendre la Torah, et le Talmud également
; nous commençons à les enseigner sur le site (lien
ici pour les étudiants un peu avancés). C'est un peu
rigoureux mais indispensable pour une étude sérieuse de la
Torah. Mais, chacun à son rythme.
Une petite histoire pour détendre l'atmosphère
Lors de mon second voyage en Israël, je roulais en voiture avec
ma famille quand je vois une petite localité protégée
par des gardiens et une pancarte en hébreu "Anatote". Je stoppe
immédiatement la voiture car ce nom m'est connu comme la localité
de naissance du prophète Jérémie, effectivement à
quelques kilomètres au Nord de Jérusalem. Je laisse la famille
en voiture et me dirige, ému comme on l'est la première fois
dans la rencontre directe à travers des millénaires avec
la Torah vivante. Je demande au soldat qui garde : "est-ce ici l'endroit
de Yirméyahou ha navi (Jérémie le prophète)?".
Il me répond sur le ton de tout jeune conscrit dans toute armée
: "je ne sais pas" et devant mon air bouleversé il crie avec
sa bonne volonté à un camarade qui était 100 mètres
plus loin : "tu connais Yirméyahou ha navi ici ?". "Non, je ne connais
pas" lui répond l'autre. Je suis rentré en titubant vers
la famille. Je venais de franchir tous ces siècles en retour, dans
la réalité très banale et ignorante totalement de
son trésor. Le Ciel venait de me faire un immense cadeau : découvrir
la réalité double d'Israël tout-de-suite, pour ne pas
être ni déçu ni choqué ensuite. J'ai dit merci
en mon coeur, et il m'a fallu beaucoup de minutes avant de pouvoir trouver
les mots pour raconter ce qui s'était passé à ma famille.
Et en sourire. J'ai encore les larmes aux yeux de revivre cet épisode
en vous le disant. C'est amusant et triste, le fruit de tant de siècles
d'exils, et de tant de chemin à faire pour reconstruire, et ensemble.
Maintenant, allons étudier
la paracha Bo, et nous y verrons les enjeux (lien ici).
|
-- |