47e Paracha : Réé "Vois"
Paracha:
Dévarim (Le Deutéronome) 11, 26 - 16, 1
Haftara: Isaïe
54.11 - 55.5.
Ce Chabbate,
on dira la bénédiction pour le mois de Eloul et on lira le chapitre
V des Principes des Pères.
Entre la fête de Pessa'h et le don
de la Torah à Chavouôte, on lit Les Chapitres des Pères ou
Pirqé avote, un chapitre par semaine. On les lit aussi dans les semaines
qui précèdent le mois de Eloul. Pourquoi? Voir
cette étude par ce lien.
La
Torah n'est pas une théorie ni une spiritualité
mais
elle est un corps vivant, pour des vivants,
inséparable en toutes
ses parties dans l'action des mitsvotes.
Plan Les
mitsvotes Sens : l'unité de Hachém
et des mitsvotes Règle de méthode
Conséquences L'interdiction
de détruire Conduite, dérékh
'hayim Dans le couple. Le
divorce, le guéte Rabbi Yaâqov Abou'hatséra
L'amitié,
la solidarité Pas de marque autre que
l'écriture de la Torah Les sacrifices,
éducatifs pour la relation de proximité Non
à l'indifférence, la tsédaqa La
cohérence du judaïsme et notre tâche
Exercices
| Lecture
de la paracha téâmim sépharadiim (Alliance)
Lecture
de la paracha téâmim askénaziim (ORT) Lecture
de la haftara téâmim askénaziim (ORT) Nouveau
: Etude
du psaume 6 dans le temps de détresse pour les malades et pour Israël
La cachroute,
rites alimentaires juifs Etudier le
mois de Eloul |
Réé,
Anokhi noténe lifnékhém hayom, bérakha ouqlala
"Vois, Moi je donne devant vous aujourd'hui, bénédiction
et malédiction".
Les thèmes
La
paracha organise tous les enseignements de la Torah en deux catégories
: bonheur ou malheur (bénédiction ou malédiction) et présente
cela comme un absolu (ou Hachém, ou les autres cultes interdits).
Et cela, dès que le peuple juif sera dans l'endroit où il doit vivre
: le lieu de la résidence de Hachém, la terre d'Israël.
Et, en fonction de cela, suivent un grand nombre de pratiques nécessaires
et obligatoire, les mitsvotes.
En notre époque qui se targue (apparemment
et mensongèrement) d'internationalisme, de tolérance à toutes
les idéologies, cela paraîtra sans aucun doute comme des exigences
étroites, nationalistes, particularistes, ethnocentriques, politiques,
fanatiques, etc. Nous entendons déjà tous les poncifs. En fait,
ceux qui les expriment manifestent une idéologie bien précise, très
occidentale et qui, loin d'être aussi sublime, a été celle
qui a colonisé les cultures et a anéanti les économies locales
pour créer un ordre mondial idéologique et économique uniquement
intéressé.
Après avoir remis ces pendules à
l'heure, osons revenir à l'écoute et à l'étude du
message de la Torah tel qu'il est. Nous n'avons pas le choix, c'est écrit
: lisons le chapitre 11 de Dévarim, versets 26 à 32 avant de continuer.
Et justement, nous les Juifs et particulièrement ceux qui vivent en
Israël, nous sommes très encombrés de ce texte difficile qui
est notre raison pour être ce que nous sommes, et pour être là
et pas ailleurs. Et nous butons aussi sur les conséquences douloureuses
de nos hésitations dans nos choix de vie.
Parfois, je reçois
des lettres de lecteurs qui se défendent et disent : je voudrais étudier
la religion juive sans politique, ce qui veut dire une spiritualité abstraite,
sans espace, sans les dimensions de réalité, sans victimes, sans
terrorisme, sans solidarité dans les souffrances, sans ennemis, sans pression
internationale face à notre histoire et face à notre existence.
Mais la Torah est dans l'histoire; le peuple juif, plus que tout autre, est histoire.
Réé, Anokhi noténe lifnékhém hayom,
bérakha ouqlala
"Vois, Moi je donne devant vous aujourd'hui,
bénédiction et malédiction".
Et le texte
nous prescrit jusque dans les détails quoi manger et quoi ne pas manger.
Alors, recommencent aussitôt tous les poncifs cités plus hauts :
on permet à chaque culture ses rites alimentaires, et le hamburger international
et on fustige les rites alimentaires juifs de cachroute.
Et la Torah, en cette paracha, abuserait encore par son réalisme;
elle pointe ce qui va se passer dans l'histoire, comme cela s'est effectivement
passé: des soi-disants prophètes voudront trier dans la Torah et
feront des miracles comme preuve de leur autorité pour se construire un
personnage au nom de la Torah. Le christianisme et d'autres religions successives
sont directement pointés à l'avance... par la parole de D.ieu depuis
des millénaires, non pas par les Juifs.
Une précaution : nous
sommes des gens de respect, de dialogue ; nous savons que partout il y a des personnes
bonnes et mauvaises, chez nous comme ailleurs, et en chacun de nous; ici, nous
étudions ce que dit la Torah en recevant l'enseignement de la
tradition, c'est tout. Une précision importante : la Torah ne prend pas
la peine d'attaquer les autres religions, elle ne fait qu'une critique interne
qui concerne ceux des Juifs qui voudraient faire dévier le judaïsme
et s'égarent, hier comme aujourd'hui.
La Torah
enseigne dans ce chapitre 13 de Dévarim qui est notre paracha : leurs miracles
et les visions seront réels mais ils ne prouveront rien car ce sont
ipso facto de faux prophètes ceux qui veulent modifier la Torah. Libre
à chacun de créer des religions mais on ne peut pas le faire au
nom de la Torah. L'important n'est pas la véracité ou non des miracles,
ni la moralité ou la spiritualité du nouveau message mais l'erreur
du changement proposé concernant la Torah. Reportons-nous à
la paracha Dévarim pour situer le problème.
Et la
Torah nous y éclaire davantage; ces événements de nouveaux
créateurs de religion, appelés par la Torah "prophètes
de mensonge", ont une raison d'être : ils sont une mise à l'épreuve
de notre amour pour Hachém, c'est tout. Comme un époux
ou une épouse qui seraient subitement fascinés par les charmes indéniables
d'une autre personne que le conjoint. Voyez le commentaire de Rachi sur
le verset 13, 4 :
"vé im tomar miné ma notén
lo Haqqadoche Baroukh Hou méchala laâssote ote,
si tu demandes
pourquoi le Saint, Béni soit-Il, donne à ce faux prophète
le pouvoir d'accomplir un miracle,
c'est que le Seigneur votre D.ieu vous
met à l'épreuve"

ki ménassé Hachém Eloqékhém étkhém".
Le Rav Elie Munk, dans La voix de la Torah, écrit : "la
constitution du christianisme était donc, d'après les paroles de
la Torah, une épreuve pour Israël. Israël s'est bien tiré
de cette épreuve. Mais l'expansion victorieuse qui a suivi et le règne
mondial de la religion chrétienne ont toujours été une pierre
d'achoppement pour la fidélité d'Israël et pour son attachement
à D.ieu et à la Torah. Israël a persisté et ne chancellera
jamais dans sa foi".
Etudier ces thèmes dans le Traité Sanhédrine
90a et dans Michné Torah (Yessodé haTorah 9, 5) de Maïmonide
et dans son Guide des perplexes 2, 38.
Ce passage de la Torah est donc
la réponse dont ont besoin ceux des Juifs qui sont soumis à la propagande
des missionnaires chrétiens qui cherchent à les égarer par
les arguments que justement la Torah dénonce à l'avance ; ces Juifs
devraient connaître assez leur Torah pour s'éloigner de ces séducteurs
sans même discuter même s'ils attirent maintenant par le dialogue,
comme un amant qui s'est éloigné un instant et revient plus fort
auprès de celle qu'il aime. Ils pourront d'autant mieux expliquer à
leurs autres frères le sens de ce chapitre de la Torah. Et ne pas être
les complices de ce système qui a perpétré de siècles
en siècles la véritable destruction physique et spirituelle du peuple
juif par des voies toujours changeantes, soi-disant au nom de la Torah.
Cela
étant bien compris, nous allons pouvoir entrer dans le commentaire du Chla.
Dans l'étude de la paracha, nous adoptons toujours la
méthode du Chla qui prend les mitsvotes présentes comme axe
du sens à découvrir.
Les mitsvotes
La
paracha transmet les mitsvotes 436 à 490, plus de cinquante. Elles concernent
simultanément ce que la tradition indique être les trois piliers
qui portent le monde : la Torah, le service de D.ieu (âvoda) et l'aide
à autrui ( guémiloute 'hassadim). C'est ce que dit
Chiméône hattsaddiq dans les Principes des Pères :

omér:
âl chélocha dévarim ha ôlam ôméd, âl
hattora, véâl haâvoda, vé âl guémiloute
'hassadim (Pirqé avote 1, 2).
L'ensemble de cette cohérence
est centré sur le respect du lieu de culte, nous devrons comprendre pourquoi
:
- d'abord, détruire les sites des idoles,
abéd téabédoune éte kol-hamméqomote (Dévarim
12, 2)
- et, inversement, ne pas détruire le nom de D.ieu,
lo taâssoune kén
la-Adonoute Eloqékhém (12, 4) ;
- puis suivent
de nombreuses prescriptions sur la consommation des sacrifices, sur les dons qu'il
faut faire à ceux qui sont consacrés à D.ieu, les léviim,
sur l'aide à apporter aux pauvres sans fermer son cœur, la fête de
Pessah et les trois fêtes de pélerinage, le devoir de se réjouir
dans le Seigneur et de ne pas paraître devant Lui les mains vides.
Voici
la liste de ces mitsvotes, selon Maïmonide, j'ajoute la référence
(la traduction rend mal la signification) :
*(mitsva 436) détruire
les idoles et tout objet de culte idolâtre (Dévarim 12,2).*(mitsva
437) ne pas détruire un objet sur lequel serait inscrit le nom de Hachém
(12,4). *(mitsva 438) obligation d'apporter les offrandes au premier pélerinage
(12,5-6). *(mitsva 439 et 440) offrir les sacrifices uniquement au Temple
(12,13-14). *(mitsva 441) exclusion et rachat des animaux infirmes (12,15).
*(mitsva 442-444) interdiction de consommer hors de Jérusalem les
dîmes (12,17). *(445-446) et hors du Temple la chair des sacrifices
(12,17). *(447) interdiction de consommer la ôla ou holocauste
(12,17). *(448) et de consommer des sacrifices avant l'aspersion du sang
(12,17). *(449) interdiction de consommer les prémices avant leur
dépôt au Temple (12,17). *(450) ne pas négliger les
lévites (12,19). *(451) la ché'hita ou règle
de cacheroute pour l'abattage des animaux (12,21). *(452) ne pas consommer
un animal vivant ou une part d'animal vivant (12,22). *(453) amener en
Erets Israel un animal consacré (12,26). *(454-455) interdiction
d'ajouter ou de retrancher à la Torah (13,1). *(456) ne pas écouter
les faux prophètes (13,4). *(457-458) envers ceux qui incitent à
quitter le judaïsme ne montrer aucune sympathie mais les haïr (à
partir d'ici, cherchez par vous-mêmes la référence!). *(459)
ne pas les assister en cas de danger. *(460-461) ne pas plaider pour eux.
*(462-463) ne pas entraîner les autres à l'idolâtrie.
*(464-466) ne pas rebâtir une ville condamnée et ne pas utiliser
ses biens. *(467) ne pas se taillader le corps. *(468) ni faire
de tonsure. *(469) ne pas manger de sacrifices invalides ni des animaux
non cachères, ni d'un animal mort, *(470-2) les règles d'examen
avant la ché'hita ou règles de cacheroute pour l'abattage
des animaux, l'examen rigoureux des témoignages, détruire par le
feu une ville corrompue moralement, les oiseaux cachérs. *(473-474)
la 2e dîme, la dîme des pauvres. *(476) la contrainte envers
les étrangers idolâtres. *(475-7) la rémission des
dettes avant l'année de chémita et tous les 50 ans. *(480)
et ne pas éviter de prêter par crainte de ne pas être remboursé
avant la chémita. *(478-9) la tsédaqa envers
les pauvres. *(481-482) le respect envers l'esclave libéré,
ne pas exiger la dette après la 7e année de chémita,
ne pas refuser un prêt avant cette année, ne pas libérer un
esclave juif les mains vides.*(488) la joie pendant les pélerinages.
*(489) monter au Temple aux trois fêtes. *(490) et ne pas
y monter sans sacrifice.
Sens : l'unité de Hachém
et des mitsvotes
Un premier sens est clair: même si
nous ne le voyons pas à première vue, il y a une logique interne
entre tout cet ensemble de mitsvotes, et cela par rapport à la question
de ce qui apporte la bénédiction ou de ce qui entraine, hélas,
les malheurs. Nous allons découvrir quelle est la logique interne de tout
cet ensemble, d'où découlera notre mode de vie pour le bonheur.
Cette suite de mitsvotes n'est pas là une succession hétéroclite,
mais elle veut nous montrer que le respect de la présence de D.ieu et sa
non-confusion avec les fausses vérités crée un ORDRE GLOBAL
de respect des lieux, des choses, des rites et des êtres, ordre global qui
se vit avec joie.
Percevons que cet ensemble est le judaïsme
: ordre-lieu-choses-rites-êtres-joie. Cet assemblage global et cohérent
se nomme en hébreu un mikhlol (un ensemble qui contient le tout),
un mannguénone (un dispositif d'ensemble), une maârékhète
(un système ayant un but), une tirkovète (un complexe dynamique).
Le Chla exprime cette cohérence agissante avec efficacité
- par l'expression du psaume 19, 8 (Torate Hachém
témima, la Torah de Hachém est parfaite en "tout").
Elle
est complète,
chéléma, et rien n'y manque. On parle
ainsi d'années complètes,
chanim témimote (voyez Vayiqra
23, 15 ou Isaïe 10, 13),
- et par le commentaire du Zohar
sur Chémote 3, 15 zé chemi,vé zé zikhri, "c'est
mon nom, et c'est mon souvenir"
Cette expression présente donc en parallèle
la nature de Hachém manifestée dans Son nom et, d'autre part,
ce dont il faut se rappeler pour Lui être présent et en vivre, et
dont le peuple est le souvenir vivant.
-
Pour
faire comprendre cette symétrie qui aboutit à une synthèse
et à une unité, le Zohar l'éclaire par la guématria
de ces mots zé chemi, zé zikhri en les complétant
chacun par la moitié des lettres du Nom de Hachém : ainsi,
chemi + youd qé = 365,
et zikhri + vav qé
= 248,
et l'ensemble 365 + 248 forme le total de 613. Pourquoi?
Parce que,
-
613 correspond au nombre de
toutes les mitsvotes,
-
365 correspond au nombre
des mitsvotes comportant une interdiction,
-
248
correspond au nombre des mitsvotes comportant une prescription positive, ainsi
qu'aux lettres du nom d'Avraham et au nombre des éléments du corps
(Traité Macote, page 23 b).
(Rappel de méthode, les références sont données pour
s'y reporter si cela nous est possible).
Ainsi, dans
la cohérence de la paracha, cet enseignement est inscrit à la
fois dans la parole de D.ieu envers nous par les mitsvotes à réaliser
(zé chemi zé zikhri), et dans Son nom lui-même.
Règle de méthode
Pour ceux qui l'ignoreraient
encore, la Torah est ainsi un enseignement donné simultanément par
chaque mot et chaque lettre dans une multitude infinie et flamboyante de
combinaisons transmises depuis Moché. Ce n'est pas seulement le récit
qui transmet un enseignement spirituel ou pratique.
Ne pas connaître
quelque peu l'hébreu, c'est se priver de tout cet ensemble. On en reste
alors au seul récit, ce qui donne certes une dimension exacte du texte
et qui en est la base et le fondement solide, ET, si on bâtit des théories
théologiques sur ce seul niveau, elles nous sembleront logiques
mais seront farfelues puisque partielles, comme un archéologue
qui aurait trouvé seulement des livres de médecine sur le système
sanguin et s'imaginerait décrire à partir de là ce qu'est
tout l'homme, avec la certitude d'avoir découvert la science et la révélation.
Au mieux, cet homme imaginé ressemblerait à la planche anatomique
du système sanguin. Ainsi, de la Torah vue à
partir du seul récit vue à partir du seul récit de ses enseignements
symboliques et moraux par ceux qui ne connaissent pas les règles de lecture
de la Torah.
Et quand, ces constructions sont faites à partir
d'une autre langue que l'hébreu, alors on délire complétement,
c'est comme si notre archéologue avait trouvé un livre sur la chimie
du système sanguin et nous décrirait à partir de là
le portrait de ces humains. Osons en rire, inutile même de combattre et
débattre. C'est l'attitude tranquille de Rachi dans son commentaire de
Béréchite 1, 26 face à ceux qui ont bâti des religions
différentes hors de la véritable connaissance globale de la Torah.
L'ignorant ne sait jamais qu'il est ignorant. Il a toujours raison à
ses propres yeux et il en est heureux.
Au contraire, ces myriades
de sens reçus lors de la Ravélation et transmis par la tradition
hébraïque (transmission du sens du récit + transmission du
sens des lettres + transmission du sens des chiffres) laissent Son peuple en état
de réception continue et infinie avec la vision claire de l'océan
global de ce que l'Aimé veut transmettre sur la vie, et nous sommes si
petits, et dans un temps si court.
Pourquoi Hachém
veut-Il ainsi transmettre un tel savoir immense sur Lui, dans Sa langue,
à Son peuple ? Lui le sait, ce n'est pas notre problème ; l'humilité
est simplement de l'admettre puisque c'est Sa volonté.
Mais il
a posé une condition pour tranmettre ainsi la science de son langage (mila,
le mot): c'est une alliance par la circoncision (mila). Constatez que les
deux ont la même audition. Car c'est une condition sans laquelle cette connaissance
de l'union du ciel et de la terre ne peut pas être atteinte.
La
preuve en est donnée par le texte lui-même : dans le verset

Mi yaâlé
lanou hachamayima (Dévarim 30, 12),
"qui nous fera monter aux
cieux" (pour nous donner la connaissance);
les initiales des mots (mém,
youd, lamed, hé) forment le mot mila, circoncision comme condition
initiale (début) puisque le but -qui est indiqué par les lettres
finales des mots- est le Nom de D.ieu Lui-même (youd qé vav qé).
Il va de soi qu'il s'agit de la circoncision du corps réel, et du coeur,
et de l'esprit, simultanément. Non crédibles et falsificateurs malveillants
ceux qui diraient que le judaïsme a oublié un instant la circoncision
du coeur.
Il était nécessaire de dire tout cela
pour comprendre la pertinence de la démonstration du Chla
-
par les combinaisons des lettres,
- pour montrer le lien de tous les niveaux
qu'indiquent les mitsvotes. Reprenons la liste de toutes celles qui sont indiquées
dans notre paracha et soyons convaincus que leur application maintient une même
vie de bonheur.
Cela ne doit pas sembler bizarre : toute la science
commune d'une famille ou d'un couple ne tient pas seulement dans les mots communs
de la tribu (on dit tous les mêmes contes) mais dans les mille myriades
de petits codes portés par les nuances de chaque intonation, geste, silences
; ainsi le jeu de ces sens entre les lettres minuscules.
Conséquences
L'unité de Hachém et des mitsvotes est ainsi révélée.
En conséquence, nous pouvons dire que
- vivre l'une des dimensions de la Torah, c'est vivre les autres également,
-
la pratique ne peut et ne doit pas être coupée de la relation directe
à Hachém et à la prière,
- la
prière et l'étude ne peuvent pas être séparées
de la pratique et de l'attention à autrui.
La division entre les mitsvotes tournées vers l'homme et les mitsvotes
tournées vers D.ieu apparaît comme une construction linguistique
dépourvue de sens et abérrante. D'ailleurs, dans la configuration
des deux tables des dix commandements, ces deux catégories sont strictement
parallèles et se correspondent.
Nos Sages nous le prouvent encore
plus fortement. Le mot mitsva

est composé des deux lettres finales (vav, hé) qui en sont
le but et la complétude indiquée par ces mêmes lettres dans
le tétragramme (Nom de D.ieu en quatre lettres. Les deux premières
lettres (mém, tsadé) semblent hors de ce programme comme
nous ne voyons pas dans la réalisation pratique d'une mitsva. Mais, il
y a un système de lecture de l'hébreu qui nous montre l'intériorité
de certains mots, c'est la correspondance dite ate-bache (que je ne détaille
pas ici) et, dans cette correspondance, (mém, tsadé) sont
remplacées par youd hé, les deux premières lettres
du tétragramme. Ainsi, vraiment, les deux réalités sont unies;
ainsi, porter atteinte à l'une est porter atteinte à l'autre, ou
réaliser l'une est être en union avec l'autre. Encore une fois, seule
l'étude peut nous apporter les éclairages que nous espérons
et que nous pressentons.
L'interdiction de détruire
On comprend mieux alors le sens de l'interdiction de détruire l'écriture
du Nom de Hachém qui manifeste le lien d'être, de sainteté
et de qualité de toutes choses et de toute vie.
Le commentaire
de Rachi sur le verset 12, 4 ("vous n'agirez pas ainsi") est explicite envers
ces liens : "vous ne brûlerez pas des offrandes à D.ieu en tout lieu
mais uniquement à l'endroit qu'Il aura choisi. Autre explication : vous
jetterez à bas leurs autels..., vous détruirez leur nom mais vous
n'agirez pas ainsi (envers les choses de Hachém), c'est une défense
d'effacer le Nom de D.ieu, d'arracher une pierre de l'autel ou de la cour intérieure.
Ribbi Ismaël dit : pourrait-il te venir à l'esprit qu'Israël
abatte des autels (dédiés à D.ieu) ? Mais cela veut dire
de ne pas imiter leur conduite et que vos péchés ne produisent
la destruction du Sanctuaire de Chilo".
(Carte localisant Chilo)
Car il y a une
cohérence entre tous ces niveaux, toucher à l'un c'est toucher à
l'autre, et c'est mettre en cause la structure de la vie. Enlever une
partie de la Torah, ou d'un corps, c'est tuer le vivant tout entier, et mettre
en route les processus de mort. Hélas, l'Histoire la montré constamment
et l'ignorance de cet ordre global de vie et de bonté a abouti à
la destruction, à l'exil d'Israël, aux guerres et à la haine.
Comme dit la sagesse des nations, "vous jugerez l'arbre à ses fruits".
Le clivage des deux ordres et l'ablation d'un organe de vie est un non-sens dangereux,
c'est le choix d'un savant fou qui oublie de guérir le malade en
réussissant une belle opération. Daumier avait remarquablement croqué
cette assurance prétentieuse et criminelle. Regardez bien les visages,
les gestes et les volumes de chaque personnage :
(Clinique du Docteur Robert-Macaire. par Daumier.
- Hé bien ! Messieurs, vous l'avez vu, cette opération
qu'on disait impossible a parfaitement réussi...
- Mais,
Monsieur, la malade est morte...
- Qu'importe! Elle serait bien plus
morte sans l'opération.).
Ce sont quatre composantes
du monde : la victime, le tyran dangereux et vénéré, les
serviles et, à droite, en blanc, un seul est lucide et réfléchit.
Une autre conséquence apparaît, et sans lien aucun
avec la critique précédente, le clivage laïc du monde,
qui exclut des dimensions religieuses de la totalité, est un non-sens dans
la conception holistique du judaïsme (par contre le judaïsme est aussi
rigoureux dans les raisonnements, et dans l'autonomie de la connaissance scientifique
que ces courants laïcs, et il a cela en commun avec eux).
Conduite humaine, partie de
la Torah nommée par le Chla : dérékh 'hayim,
chemin de vie.
Nous pouvons aussi étendre cette assemblage
cohérent des différents niveaux au niveau de la morale de la
relation humaine.
Dans le couple.
A l'image
de cette union de D.ieu et d'Israël, deux époux constituent ensemble
un seul nom, leur être est un et le nom commun devrait être
l'expression du respect pour la totalité de l'un et de l'autre,
et de l'un par l'autre en une seule unité ; il ne peut y avoir de vie
pour l'un s'il ne respecte pas et ne connaît pas toute la richesse particulière
et diverse de l'autre, s'il ne la prend pas en charge, si les deux ne se prennent
pas en charge totalement, avec une place pour les aspects divers, agréables
et moins agréables.
Certes, après la séduction
première et les premiers plaisirs, il faut beaucoup de temps pour s'approcher
de cette globalité qui ne se révèle qu'un peu à chaque
âge, la comprendre, continuer à l'apprécier en totalité,
l'aimer et l'aider. Négliger simplement une partie de l'autre,
c'est le ou la refuser dans toute sa vie, ne pas l'aimer ; alors l'ensemble
est détruit, et chacun est également détruit dans le corps
commun qu'ils constituaient.
Beaucoup de vies de couple
sont ainsi une petite agression et une petite destruction continue en même
temps qu'un amour ; et, progressivement, l'amour s'éteint ; alors, la trahison
ne pose plus problème car elle était vécue de fait, l'ennui
règne dans la cohabitation même si les codes communs et les actes
habituels sont conservés avec l'aisance que donnent les conventions sociales
et la "bonne éducation". Voilà pourquoi il est dit que les pierres
du Temple pleurent quand il y a séparation, car c'est toute cette cohérence
qui souffre, et le Temple en est l'expression. Nous l'avons vu dans
les parachiyotes de construction du Temple.
Et le divorce ?
Le guéte
Parfois le divorce est nécessaire, il devrait
enregistrer seulement le fait qu'il s'agissait d'une erreur d'union, avec réalisme,
et non cette trahison progressive et destructrice à l'intérieur
d'un amour véritable.
En ces deux cas, il faut écrire
le texte du divorce nommé guéte, sur 12 lignes, avec une
grande perfection dans le rite pour bien signifier qu'il n'y a, désormais,
plus d'être commun entre ces personnes. Et le Gaone de Vilna fait remarquer
que le mot guéte (acte de répudiation) a été
choisi pour l'acte de divorce parce que jamais dans la Torah ces deux lettres
ne sont contiguës.
Ainsi, après l'acte du guéte, il n'y aura plus jamais rien
qui soit commun sur aucun plan entre ces êtres, de même qu'il n'y
a rien de commun entre cette anomalie de deux lettres incapables de se relier
dans leur être complexe à l'image de la complexité de vie
de la Torah.
Voir ici les pages de Modia sur le
couple: http://www.modia.org/etapes-vie/couple/septbera.html
Rabbi
Yaâqov Abou'hatséra
Il reprend tout cet enseignement
en nous le montrant dans le condensé de ce que la tradition dit du chiffrage
des lettres. Nous le décirons seulement sur deux exemples, alors que tout
cela pourrait être décrit sur chacun des mots de la paracha.
La paracha commence par ces mots :
Réé, Anokhi noténe lifnékhém
hayom, bérakha ouqlala
"Vois, Moi je donne devant vous aujourd'hui,
bénédiction et malédiction".
D'abord, l'interpellation
est personnelle pour chacun, au singulier, ce n'est pas adressé à
la collectivité comme masse, on est dans la véritable rencontre
et interpellation. De même que D.ieu s'y nomme "Anokhi, Moi-même".
Cette interpellation est grandiose ou tragique car Hachém
remet à l'homme tout le pouvoir de créer le bien ou le mal dans
la Création. Quelle preuve d'amour, quelle inconscience peut-être!
Alors, Rabbi Yaâqov Abou'hatséra nous transmet l'enseignement
de la tradition : la guématria 288 des deux mots, avec la somme, chiffre
(au sens diplomatique) le message des mots "Vois (Réé), moi
(anokhi)": ce sont les 288 étincelles de bien, encore enfermées
dans la Création. N'entrons pas ici dans la démonstration de cet
enseignement mais comprenons seulement qu'il faut libérer ces puissances,
graines de bonheur enfouies, et cela est au pourvoir de l'homme : les mitsvotes
sont cette règle de la vie qui lui est remise, avec seulement la demande
de bien vouloir veiller à cultiver la vie. Comme quelqu'un qui remet
une plante fragile, ou un enfant, avant de partir et donne toutes ses nombreuses
recommandations écrites.
Et, pour démontrer plus encore ce
pouvoir divin qui est remis à l'homme, le Rav ajoute que l'expression "la
bénédiction (habbérakha)" équivaut au chiffre
232 qui résume les 4 formes d'écriture du Nom de D.ieu.
Nous
comprenons alors l'intimité du partage total du bonheur et des pouvoirs
que représentent les mitsvotes entre Hachém et son peuple,
et entre Hachém et chaque Juif qui les accomplit. Si l'on permet
cette image pour expliquer, c'est comme un couple dormant ensemble, et l'un s'est
levé pour aller s'occuper de l'enfant malade et, quand il revient dans
la chambre, l'autre parent lui dit : - "as-tu bien fait exactement tout
comme il est écrit sur l'ordonnance?", -"oui".
Lire ici
le poème Education,
dialogue entre deux personnes qui s'aiment, un père et son fils.
Tout cela nous donne une autre vision de ce qu'est une mitsva et l'accomplissement
des mitsvotes.
Beaucoup les voient comme des "contraintes et obligations
imposées" mais elles nous apparaissent maintenant comme le langage intime,
secret, le plus amoureux ; et comme le partage par D.ieu de Son pouvoir avec l'homme,
plus encore comme l'amour allant jusqu'à donner à l'homme le pouvoir
de créer le bonheur ou de détruire. Choisir la force de l'amour
ou la neutraliser, quelle beauté et quel risque.
L'extrême
de cette rencontre amoureuse est exprimée par la prière de minuit
(d'où cette image du couple) à l'instant où tout semble effondré
dans l'obscurité et la fatigue, alors l'homme vient dire au Créateur
qu'il accepte modestement ce pouvoir reconstructeur qu'Il lui remet dans les mains
à l'instant de l'extrême. L'homme est alors, également, conscient
de toute l'imperfection du monde, symbolisée par la destruction du Temple
qui était le modèle parfait et microcosme du paradis. Et, déjà
en mots, il va redire au Créateur son amour et sa foi dans la reconstruction.
Le modèle de cette prière est le Roi David qui se levait à
minuit pour ce renouveau.
Tiqoune
'hatsote
Le rite de la
prière de minuit nommée Tiqqoune 'hatsote (lien ici)
se situe en ces niveaux pour l'amélioration de l'unité du corps-total
dont nous avons parlé depuis le début . Le judaïsme est, certes,
une synthèse anthropologique mais ce n'est pas un édifice uniquement
rationnel, ni une philosophie.
La relation entre les niveaux, se poursuit
en solidarité, en interdépendance et, en capacité réciproque
d'amélioration, car le judaïsme est un système
d'amour comme structure de tout l'être.
Ainsi, en pleine nuit, à l'instant du maximum de l'obscurité,
et de la fatigue, et du commencement du lointain retour vers le jour, la tradition
dit que c'est le moment où notre coeur devrait être le plus proche
de Haqqadoche Baroukh Hou car la nuit est le moment maximal du ressenti
: à la fois de l'amour, mais aussi la destruction réelle du corps
commun de Son union avec la Chékhina et avec Son peuple dans le
Temple qui est l'expression de ce corps commun et de cet amour commun.
Ne
pas être conscient de l'importance
du Temple en ce sens, devrait être à nos yeux un signal d'alarme
dans la méconnaissance du dispositif qu'est le judaïsme.
Aussi, nous y récitons (si nous le pouvons, malgré la fatigue
!) des psaumes qui pleurent
sur ce malheur, puis des psaumes d'espoir et des psaumes de consolation, enfin
des psaumes d'affirmation de l'union totale réalisée. Ce rite est
inscrit dans chaque livre de prières, le siddour.
Bien entendu,
il ne s'agit pas seulement d'une commémoration historique mais d'une réunion
de la qualité des amours personnelles avec notre amour pour le plan de
la Torah comme présence de Haqqadoche Baroukh Hou.
Sur
ces liens-ci, voyez la page
d'explication détaillée du Tiqqoune 'hatsote, son poème
Minuit, son dessin
sur la danse dans cette sensibilité.
Vous me direz : "mais
alors, un Juif ne dort jamais!" Et pourtant, il réussit à mener
sa vie familiale, conjugale, professionnelle, sociale, personnelle, communautaire;
il étudie -dit le Rambam- 6 heures par jour la Torah écrite, 6 heures
la Torah orale, et fait pendant 6 heures des 'hiddouchim (renouvellements
sur la Torah), etc... Et il discute beaucoup. Et, en plus, tout le temps de l'humour
juif. C'est l'un des mystères du judaïsme! Etonnez-vous que l'on nous
dise accompagnés par les anges, ces forces envoyées par Hachém!
Nous ne sommes que quelques millions et on dit que nous sommes partout, qu'on
parle de nous partout, que nous faisons du bruit partout !
L'amitié,
la solidarité
Nous pourrions reprendre ce même thème
du "corps commun vivant et intègre dans sa totalité" au niveau de
l'amitié, ou de la solidarité dans le même peuple.
L'amitié
n'est pas un plaisir épisodique qui prendrait le nom "amitié", c'est
une relation particulière entre deux personnes dont la conjonction des
composantes de chacun compose aussi un nom particulier qui peut être également
dans la qédoucha.
L'unité fragile
C'est un fait, nous sommes tous et chacun dans l'incapacité de percevoir
avec facilité et facilité le lien de tous ces plans, nous sommes
divisés en nous-mêmes (c'est la découverte de Freud d'avoir
mis en évidence cette division interne dans la psychologie) et nous sommes
aussi divisés continuellement entre nous, nous ne bâtissons chacun
que sur quelques dimensions seulement, et le bonheur ne peut pas advenir dans
ces conditions. Ce manque s'étend à toute la Création, elle
est même le défi le plus aveugle dans la recherche du conjoint, ou
dans la retrouvaille d'estime entre les descendants d'Avraham. Tout est atteint
dès l'origine dans cette déficience que nous avons à la corriger,
souvent en aveugles et en demi-sourds. C'est le même dialogue qui est dit
par les prophètes entre le Créateur et sa bien-aimée Israël:
le Cantique des Cantiques en est l'expression la plus déchirante et l'aspiration
la plus claire. Je ne peux l'exprimer que par un poème:
Séparation-réunion
Je ne t'abandonnerai jamais,
Je ne t'oublierai jamais,
Même si les minuits devaient durer
Une seule et longue nuit.
Je
n'oublierai jamais le secret que tu m'as dit
Quand le Ciel nous a séparés
En créant nos libertés.
Nous sommes un seul être dispersé.
Mais
la chambre des enfants
Gémit de notre absence.
Tu le sens, tu le
sais,
Notre unique lumière
Eclaire nos pas
Et agite nos lèvres.
Tant
que je respire,
Tant que tu pries,
Quand tu pleures ou souris,
Et
tant que j'étudie et écris,
Notre flèche unique file
Vers la même cible.
Et la Chékhina crie et supplie
D'en finir avec l'oubli
Entre Erets et Chamayim.
Je ne t'oublierai pas,
Yérouchalayim,
Et Je te bâtirai sur le saphir.
(voir
aussi ce poème
sur le lien depuis la Création)
Etudier
ici la haftara de cette semaine (lien ici) en Isaïe
54.11 - 55.5 (à lire) nous apporte ce cri et le souci de
D.ieu d'en finir vite avec cette situation insolite puisque le don de la Torah
n'a pas suffi pour nous réunir à Lui dans le bonheur promis.
Voici son plan: Pauvre, secouée par la tempête (Isaïe
54, 11 - 55, 5).
- Israël sera bâti
désormais sur la stabilité, la force et la beauté.
-
Israël vivra selon, la Torah et dans la fraternité et l'harmonie.
-
ses agresseurs et ses médisants perdront tout pouvoir.
- orientez
bien votre désir vers Moi et vous serez comblés.
- orientez
bien votre oreille vers Moi et vous aurez la vie.
- vous serez sollicités
par les peuples.
- tout cela parce que Je suis le Saint d'Israël.
Le psaume 51 (lien
ici) , celui de la téchouva (repentance) pour David et pour
tous les Juifs de toutes les générations, nous dresse ce problème
et sa thérapeutique. Nous savons que, souvent, les membres du peuple d'Israël
sont comparés, dans leur solidarité, à un seul texte
composé des lettres de la même Torah, et l'on sait aussi qu'une seule
erreur ne peut pas se glisser dans un rouleau de la Torah, car elle invaliderait
tout le rouleau. La solidarité et le bien de chacun dans le peuple est
une condition de l'être commun.
Mais une autre dimension magnifique
apparaît dans la guérison de notre blessure intime. Dans ce psaume,
David et tout Juif avouent leurs fautes et leur volonté de revenir à
l'ordre bon. Hachém répond positivement et le poète
dit:
Lév
taor béra-li Eloqim véroua'h nakhone 'hadéche béqirbi,
"Un coeur pur a créé en moi Eloqim, et un esprit
juste il a renouvelé en mon intérieur".
Il est remarquable
d'entendre cet enseignement de nos Sages: 'hadéche béqirbi
(il a renouvelé en mon intérieur) a la guématria des lettres
initiales de tous les noms des fils de Yaâqov, fondateurs des tribus d'Israël.
Ainsi, le renouvellement intime et la réunion de chacun à sa source
pure et inaltérable que nous nommons dès les premiers mots au réveil,
est réuni à l'ensemble de tout le peuple d'Israël. Nul ne peut
donc être un bon Juif s'il méprise une seule partie
du peuple, une seule part du puzzle, ou même s'il l'ignore, ou même
s'il ne veut pas chercher à la comprendre en son positif. Il est plus qu'absurde
de séparer même par des qualificatifs ceux qui essayent de vivre
selon les mitsvotes et les autres (ou réciproquement) car nous sommes le
même problème et le même corps complexe que nous destinons
ainsi à la bénédiction-bonheur ou à la malédiction-malheur.
La différence appartient à D.ieu. C'est ainsi que le Rav Chalom
Messas, zal, dans Vé'ham hachaméch, ouvre son commentaire
sur notre paracha par ces termes
"En cette paracha, il est parlé d'abord du salaire des tsaddiqim
et de la punition des méchants, les réchaïm, et c'est
un des 13 principes que nous disons chaque jour, que HaQadoche Baroukh Hou
punit les méchants et donne un bon salaire aux tsaddiqim; ce principe
est une des bases essentielles de la Torah car il est impossible de faire venir
à l'esprit qu'il n'y a pas de différence entre le tsaddiq
et le méchant".
Ainsi, le respect du judaïsme envers
"la lettre" de la Torah, loin d'être du formalisme, est une attention à
la lettre du Nom de D.ieu, du nom de l'autre et de soi-même, et au nom particulier
écrit avec l'ensemble de ces lettres. Donc, cette attention scrupuleuse
pour respecter chacune de ces lettres, n'en ajouter aucune, c'est un grand amour,
c'est la condition de la vie. C'est ne jamais oublier chacun des mots d'amour
ou d'amitié qui ont été dits, c'est y être fidèle
en permanence, toujours. Amour-toujours.
Et s'il y a eu une atteinte,
il importe de la réparer, de faire vite le rite du pardon pour retrouver
l'intégrité initiale plus forte que tous les manques. Il faut arrêter
le plus vite possible la prolifération de ce qui détruit. Prendre
l'habitude de ces retours amoureux et amicaux rapides, constants, sans faux respect
humain.
Pas de marque autre que l'écriture
de la Torah
En conséquence logique, et en conséquence
d'attitude vitale, nous ne devons nous marquer d'aucune autre lettre que celles
de notre Torah de vie, et ne faire aucune marque de tatouages, d'incisions, même
sous l'effet de la mode, ou de la brisure par le chagrin après la mort
de proches.
C'est que la "marque" étrangère de la mort,
n'a pas de sens total ni de prise absolue dans le judaïsme, c'est la vie
qui continue toujours sous une autre forme; aussi," la mort de Ses justes
est précieuse à D.ieu" et elle est appelée hiloula,
mariage, et non destruction. Ne nous étonnons pas si l'on dit qu'un Sage
n'est pas mort; aucun Sage n'est mort, il est dans la vraie vie. La Torah le dit:
"notre père Yaâqov n'est pas mort". Dire cela d'un Sage
ne lui donne donc aucun statut particulière en plus de ce que les autres
ont reçu. C'est une supercherie de faire croire que un seul exceptionnel
relève de ces caractéristiques.
Les sacrifices,
éducatifs pour la relation de proximité
Non seulement l'étude
du texte, mais aussi les sacrifices sont une transmission de la science de tous
ces rapports des passages entre la vie et la mort, les séparations et les
élévations de niveaux; mais il apparaît que nos générations
ne sont pas capables d'atteindre à ces sensibilités, même
les sacrifices de parfums ou de céréales y contribuaient, dans l'attention
et la délicatesse et la nécessité de placer les mains et
de concentrer l'intention sur l'acte. Notre génération devient un
peu plus sensible à la cuisine et aux parfums, c'est bon signe.
Non
à l'indifférence: la tsédaqa
Sans ces actes
éducatifs des sacrifices et du Temple, subsiste pour l'instant la tsédaqa
pour prouver, dans la réalité, que l'autre n'est pas indifférent.
Sa tradition reste vivante dans le judaïsme. Cela est souvent pratiqué
parmi les Juifs : des gens capables de donner intensément, simplement parce
que la mitsva existe de faire face au frère que Hachém a
placé sur le chemin, et sans compter.
Avant même d'écouter,
il faut voir l'autre et le voir devant soi, "voir son visage", comme
le disent les premiers mots du début de la paracha. Voir son besoin
vital, son manque et y subvenir en disant : alors, ce qui est à moi est
à toi, en vérité, de même que ce qui était à
Hachém il nous l'a donné et partagé gratuitement.
La cohérence du judaïsme et notre tâche
L'importance de cette cohérence des différents niveaux de la
Torah nous fait comprendre pourquoi elle nous dit d'accomplir tous
ces commandements car ils donnent la vie (11, 32), ce que veut
dire les "faire, laâssote" et les "garder, chamor". Donc,
tous ceux qui ont critiqué le judaïsme pour le nombre de ces pratiques
n'étaient que des ignorants, et des méchants comme le sont souvent
les ignorants. Face à cela, Ribbi Tarfone (Pirqé avote 2. 20) disait
: "la journée est courte et le travail considérable (hayom qatsar
véhammélakha mérouba), les ouvriers sont paressseux (vé
happoâlim âtsélim), pourtant le salaire est immense (véhassakhar
harbé) et le Maître presse (ou vaâl habbaït do'héq)"
Mais il est aussi vrai qu'un individu n'est pas capable d'assumer à
lui seul toutes ces pratiques et que c'est seulement l'ensemble de ce corps
qu'est le peuple juif qui a reçu cette fonction à travers tous
les âges.
De plus, le Chla rappelle un enseignement bien connu
des Principes des Pères (Pirqé avote 2, 21): on n'est
pas obligé d'accomplir toute la besogne mais nous avons l'obligation d'agir;
on n'a pas le droit de s'en dispenser. lo âlékha hammélakha
lighmor, vé lo ata vén 'horine léhibatél mimménna.
Il ajoute un enseignement moins connu que l'on trouve dans le
Traité Bérakhote 6 a : l'homme est comme un ouvrier journalier qui
n'est pas responsable de l'ensemble de la réalisation. Et s'il meurt avant
d'avoir réalisé les mitsvotes qui lui sont prescrites, elles lui
seront comptées comme s'il les avait accomplies dans le cas où il
aurait prouvé avoir réellement le désir de les réaliser.
Alors, la part de la tâche qui n'est pas accomplie ne dépend
que de la volonté de Hachém qui décide des temps qu'Il
nous accorde pour cette tâche.
L'étude est très
importante car elle nous fait connaître ce dispositif de vie pour que nous
puissions en vivre, nous et les autres. Et les Sages qui connaissent cette logique
disent en conséquence stricte :
"celui qui ne comprend pas la
grandeur de la couronne de la Torah et la ramène à son propre petit
niveau, sera détruit, déichtaméch vétagha 'halaf
(Pirké avote 1, 13).
Exercices - Relire toute la paracha dans
cet axe.
- S'interroger sur soi-même en chaque point,
- sur
la dynamique de nos relations,
- sur la tâche et le développement
à réaliser.
Hébreu
Comme vous l'avez constaté, un travail visuel et de transcription
sur l'hébreu a été réalisé dans cette paracha
pour que les débutants puissent lire et déchiffrer des versets de
la Torah; révisez-les donc et apprenez ce vocabulaire. Il faut parvenir
à réaliser la mitsva nommée dans le Chéma Israël
qui est "dibarta bam (tu parleras dans les mots de la Torah à
tes enfants)". Pour cela, il faut avancer dans l'hébreu. Mais nous
avons cette chance que l'hébreu de la Torah et celui de la vie quotidienne
aujourd'hui est exactement le même. Je vais donc ajouter quelques phrases
venant du verbe "vois" qui commence la paracha, afin que vous puissiez
intégrer ce parler normal dans les mots de la Torah.
En
hébreu, on nomme le verbe par la 3e personne masculin singulier du passé
et non pas par l'infinitif comme en français. La racine raa qui
veut dire "il a vu" (verbe "voir", en français) apparaît
près de 1300 fois dans le Tanakh, c'est dire l'importance de cette action
dans le judaïsme. Allez vous reporter aux références:
-
Lirote (infinitif). "Voir" la bonté de Hachém
(psaume 27, 13).
- Roé (présent). "Je
vois" (Béréchite 31,5). Que "vois-tu?" (Jérémie
1,13).
- Passé. "Raïti, J'ai vu"
la pauvreté de mon peuple (Chémote 3,7). "Raa",
La mer "a vu" (psaume 114,3). "Raou, ils ont vu", les
humbles (psaume 69,33).
- Futur. "Eré, Je verrai"
la lumière (Job 31,26).
- Ordre. "Haréni,
Fais-moi voir" la lumière (Chémote 33,18).
Un
autre verbe, 'Haza (il a vu, psaume 58,11) signifie aussi percevoir, prédire.
Le prophète s'appelait aussi un roé, un voyant.
En
araméen, le mot 'Hazé correspond au mot "raa,
il a vu", de l'hébreu. Reportez-vous donc à la traduction du
premier verset de notre paracha par Onqelos (en toute Bible, comme celle de la
Fondation Lévy avec aussi la traduction de Rachi). Voici le texte:
Réé,
Anokhi noténe lifnékhém hayom, bérakha ouqlala
"Vois, Moi je donne devant vous aujourd'hui, bénédiction
et malédiction".
et la traduction en araméen:
'Hazé (vois), di (que) Ana (Moi) yahev
(je donne) qadamékhone (devant vous) yoma (aujourd'hui) birkhane
(bénédiction) oulévitine (et malédiction).
Travailler ainsi chaque jour est la façon la plus rapide
pour progresser très vite dans l'araméen du Talmud. Etudiez
aussi le cours d'araméen placé sur Modia, lien ici.
Devant
l'importance de l'hébreu pour connaître la Torah,
- une page
d'initiation
pour débutants complets,
- une page de connaissances
des méthodes à utiliser, tous niveaux.
- une page de techniques
précises d'apprentissage (listes de mots groupées par thèmes,
versets à apprendre, etc).
Poèmes de cet
amour présenté dans la paracha:
Terre
d'Israël
Minuit